Tous les insomniaques y habitent
et font leurs nuits les après-midi
dehors le vide prend toute la place
une purée de vide de fond d’assiette
même pas un vide absolu un vide de traîne si épais
je propose à ma mère une balade
à ma mère qui a mal aux os
à ses os qui voudraient sortir
sur le trottoir étroit
comme une ride d’expression mauvaise de la route
impossible de marcher côte à côte
ou prendre la place du mort qui marche
et faire face à celle du mort qui roule
on passe devant la maison des vieux
et ma mère marche beaucoup mieux
la canne à la traîne ironise
l’émotion passe de son pommeau
à ma pomme d’Adam
avant la promenade ma mère s’est faite belle
coquette et fière toujours
mais elle n’a pas eu plus de succès que mes poèmes
personne ne lui a dit qu’elle ne faisait pas son âge
d’ailleurs on a croisé personne