Il y aurait le monde des êtres vivants, et l’autre là-bas, sourd dans une poussière d’étoiles. L’un et l’autre seraient séparés par le temps et l’espace, par la nuit. Il n’y aurait entre ces deux mondes que la parole, la pensée, et l’espoir. Où serait le paradis, ici ou là-bas ? Dans nos corps conscients ou dans la longueur infinie de ce tapis phosphorescent ? Et surtout, qui regarderait qui ? La poussière sait-elle qu’on existe ? Comment, d’ici-bas, attraper la nuit ? A y regarder de près, ces deux mondes communiquent. Dans l’espace éternel, l’homme ne pense pas par lui-même, il ne voit que par les yeux d’un autre. Éternel, mais aveugle, privé du miroir qui fait l’image debout. Quand il est sur terre (dans cette parenthèse magnifique aux murs qui frottent, et grattent), l’homme fait l’expérience du grandiose qui l’entoure (et le terrifie) par l’appréhension des cycles, du changement permanent, et surtout, par la compassion que lui inspirent les Autres. Il saisit dans la différence qui le sépare de cet Autre, cette grandeur-beauté-infini qui, avant, et après, flottaient/flottent/flotteront autour de lui. C’est la plus grande expérience que d’être un homme/une femme, le plus "grand" possible.