Une ville vous touche en plein cœur et vous ne savez pourquoi. Des jours passent, des semaines aussi et c’est toujours l’incompréhension (incompréhension bariolée d’innocence) au fond de vous. Et puis un jour, au détour d’une rue, une de ces rues rusées dont le vieux Lisbonne est si prodigue mais si peu disert, vous tombez nez à nez avec votre propre regard sur la ville, vous découvrez contre le mur l’empreinte, la part d’ombre déposée par un être de chair ; autrement dit, vos propres traces. Pegadas.
Dans le vieux Lisbonne, marcher peut se révéler être une aventure dangereuse, pourtant jamais licencieuse. Entendons par là qu’elle ne procède nullement vers un but lointain, ou n’est rendue irrévérencieuse par le regard des autres à aucun moment. Car à l’envie de se perdre, de dériver sous l’égide de courants sous-marins, souterrains, envie qui ne rencontre pas d’obstacles lors de ces après-midi où le soleil est haut dans le ciel et les rues désertées par le plus grand nombre, s’allie la magie des rues ; rues jamais droites, jamais planes ou propres, surprises par le passant, pas à pas. Pegadas.
Ainsi frôlé par le pied, c’est le plus petit d’entre tous, le pavé lisboète - qu’il soit blanc crème ou noir brillant, calcaire ou basalte, enchâssés l’un dans l’autre, un losange après l’autre, formant mosaïque après mosaïque -, qui recèle de cette sécurité étrange s’accordant justement à ne rien sécuriser, à tout risquer et nous enjoint avec force à continuer à marcher sur cette déjà fine ligne d’erre. Les jambes fermement plantées dans le sol et pourtant jamais plus légères. Toujours en équilibre, les deux pieds roidis par le plaisir de se trouver là. Pegadas.
Pegadas, mot rugueux et précieux ramassé le long du Tage un printemps passé et ressorti du fond d’une grande poche, où la main - à la recherche de quelque chose d’oublié ou simplement endormi - vient frôler les objets les plus divers, les souvenirs les plus éphémères, les fragments les plus épars. Mot au pluriel - mots dans le mot - mot dans lequel Lisbonne, ville tutoyée, pas après pas, un printemps durant, sous le coup d’une fatigue certaine, vient se confondre et s’affirmer dans le même mouvement. Esquissant par là une topographie vertigineuse où il est si facile de se perdre et de se retrouver, que l’on peut toujours approcher. Et il y a les ruelles effilées et dédiées au vent, les tascas où l’on pose le coude, les rambardes qui se jettent dans le vide, nous gardant ainsi de ne trop envisager la déclivité de nos pensées.
Pegadas, glissant comme l’est le pavé lisboète un jour de pluie ou au sortir d’une nuit blanche passée sur les hauts du Bairro alto, cultive les longues errances solitaires mais aussi la franche bousculade et les rencontres heureuses dictées par les trottoirs trop fins, les rues échevelées. Il dessine une géographie sensible, de connivence ; elle seule offrant l’opportunité, elle seule dictant les règles du jeu et confiant en fin de compte à la nuit lisboète ces déjà anciennes histoires. Histoires qui viennent frôler les murs sales comme la mer vient caresser le rivage ; en y laissant des traces.
1.
Vent. Toi que j’aime pour m’avoir fait si souvent perdre l’équilibre et entravé si justement mes désirs de chemins déjà étudiés. Vent qui, ici, sur les sept collines de la ville haute ou dans les trous de la ville basse, jamais ne souffle dans la même direction, et s’enroule autour de vous, de toi, vient frôler les bâtiments, conduire entres les arbres, feuilles éparses, êtres solitaires. Privé du moindre désir, il m’apparaît ce matin comme la seule force synthétique qui ne reflète pas mes propres désirs. Mouvement animant toute chose, tout être. Si fort par moment, violent ou même dangereux et pourtant recelant toujours en lui une douceur qui jamais ne laisse place au doute. J’aime le vent, pour les nouvelles qu’il m’apporte mais aussi pour celles qu’il écarte de mon chemin ou arrache de mes mains.
Racines du soleil et de la pluie
feuilles des courants marins
2.
Une vieille est apparue au milieu de cordes à linge multicolores. Cette autre parle avec une commère au coin d’une rue, quatre chemins devant elles.
Seul sur ce banc, la Baixa sous mes yeux, je me mets à rêver d’une nouvelle ville. Une ville identique à celle-ci mais une ville que je connaîtrais avec un corps amoureux pour l’arpenter et des yeux épris pour la dé-couvrir.
3.
Retrouvé, le chemin des rues. Rues animées ou non, avec qui je ne cesse de converser. Je découvre à nouveau les bienfaits de la déambulation ; jouant avec le dénivelé, avec la rugosité du pavé, avec le liseré des murs. Et je me retourne enfin sur les deux mois passés dans la Baixa, rua dos Sapadores, dans cet infect trou à rat et sa chambre sans fenêtre, buracinho gris et puant qui ne cessa, en fin de compte, lui et ses murs transpirants - où le papier peint ourlait sans cesse - de me "jeter à la rue". Tranquillité enfin recouvrée.
4.
Soleil de tous les diables sur la ville. Lisbonne connaît l’effervescence des samedis. Le corps émacié et brinquebalant du vieux eléctrico 28 me conduit cahin-caha jusqu’au Cemitério dos Prazeres.
La ville n’a pas complètement disparu
et par une échancrure
entre cyprès et tombes
elle me dévisage
pont rouge sur Tage bleu
5.
Clin d’œil et coup d’oreilles d’un petit vieux jubilatoire. Vent dans les yeux, la rue se fait plus étroite, couloir, emplie de pigeons ramiers affamés. Battements d’ailes contre les murs de ma raison.
Acacias en fleur
leur parfum volé
par un vent revêche
Des vieux assis à l’entrée d’un bar. Pastelarias débordant de monde, de sucre et d’œufs. 18 heures, je vagabonde sans véritable fil d’Ariane. Seule la petite spirale (caracol) dessinée sur ma paume à l’aide d’un épais crayon gras me dirige. A l’heure où les hommes s’appuient contre les murs, anxieux de voir la rue si distinctement malgré les vapeurs d’alcool du vihno abafado, les enfants, eux, lancent bille après bille sur le pavé rebondi. Une fillette habillée en jaune de la tête aux pieds me jette un sourire en biais. Je suis à l’intersection de la rua Catano da Palha et de la rua Poço dos Negros.
Rua de São-Boaventura. 19 heures, fin d’après-midi dans le Bairro alto, soleil dans les yeux chaque fois qu’une traverse s’offre au regard. Une gamine court dans la rue : petits pas lourds sur pavés noirs. Le vent et son haleine marine viennent frôler le mur d’en face et rebondir sur lui ; réveillées, les pales colorées du moulin font un clic-clac régulier.
La petite dans sa robe bleue vient de passer à nouveau, botte d’asperges vertes dans la main gauche, courant toujours, les cheveux en bataille et les bras nus, face au soleil.
Rua dos Prazeres. Sans forces, jouant avec le tournis qui s’empare de moi, imaginant derrière la douleur et le plaisir mêlés une ligne d’erre, je m’assois à même l’étroit trottoir de cette ruelle en pente. Là, un tapis de pétales rouges, roses et jaunes colorie le macadam et le constelle de nouvelles traces. Je baisse les yeux, oubliant le ciel trop bleu et me retrouve, enfin.
6.
A Lisbonne, il suffit de lever les yeux pour voir une vieille les baisser sur soi.
7.
Marcher seul et
effleurer le linge humide et propre
le long de murs sales
Sans règles ni compas ou boussole, je marche, guidé par la rugosité de la rue. A l’écoute des sens qui me constituent dans l’instant, et qui, un à un, seul ou en commun, me dominent en une sorte de déambulation exo-somatique où mes bras deviennent les ruelles effilées et tordues.
Je marche et le soleil joue avec moi, m’interdisant de plonger dans une rue qui ne lui fait pas face. Une peur du sombre, du clair-obscur me saisit, sans raison à nommer, sans besoin d’être convaincu. Plus que peur peut-être, sentiment que mon chemin ne réside pas là. Le soleil, déjà bas sur l’horizon, est en train de me dicter une géographie rare, une carte aux lignes à peine marquées. Je ne peux que partir à l’ouest et lui faire face ou alors suivre le chemin contraire et lui tourner le dos, au moins jusqu’à demain. Et plus l’heure avance et plus cette liberté devient vaporeuse, inconsistante.
8.
Rua das Escolas gerais. Matin de grand vent et ciel filant clair au-dessus de nos têtes. Assis sur mon petit banc de bois, les minutes passent. Avec elles, les gens.
Pas moyen de se relever. Aucune force acquise - pas même la trouille - et toujours assis, immobile, le dos contre un mur dégarni et montrant moellons ronds, avec devant moi la ville, Alfama, et au-dessus de nous deux, montrant une route parmi d’autres, des nuages glissant vers le sud-est, en direction de l’Afrique. L’immobilité m’apparaît d’un coup aussi subtile et précieuse que le mouvement, compagnie dont elle s’accorde toujours. J’ai besoin d’elle en ce moment, afin de mieux saisir la vie qui agite cordes à linge, souliers et porte-clefs.
Besoin aussi de soleil. Sur la peau, au travers des paupières, quand le monde s’agite en silence, labile et visqueux à la fois. Les couleurs sombres me réchauffent le corps jusqu’aux os.
9.
Les "petits vieux". Les petits vieux s’accrochent aux rambardes de fer forgé mais laissent la vie les conduire où bon il semble, et comme des chats se déplacent à petit pas sur le pavé. Aux petites vieilles qui courent les fins trottoirs de la cité, toujours chargées d’un sac ou deux en toile cirée, s’accordent les petits vieux qui aujourd’hui sont assis à la table voisine de la mienne, le Tage en contrebas. Doux quotidien. On se salue, on parle football. Le Portugal a gagné hier soir 7 à 0 contre l’Azerbaïdjan. Les petits vieux sont tout sourire. Puis les mains frôlées, doucement, du bout des doigts, on se dit au revoir.
Il marche dans "sa" rue
Lui, la quarantaine passée
mains dans les poches
ventre "posé" sur la ceinture
pantalon porté à tension
tache se détachant
buraco blanc
Pantalon usé jusqu’à la trame
Pépère se promène
son chien derrière
et racle morve au fond de sa gorge
Maintenant "trait" sur le trottoir
Chien tirant sur sa longe et la précédant de quelques mètres ; elle, tout de noir vêtue et verres tachés d’embruns sur le nez posés. Nous nous croisons dans une rue attenante à celle-ci. C’est elle qui m’a poussé à virer bâbord, je voulais passer près d’elle, la frôler comme elle frôlait le mur et proposer une rencontre furtive, rencontre quand même. Et puis une autre rue m’a appelé, à tribord cette fois. Sans m’en rendre compte j’ai fait le tour de sa maison, la précédant devant sa porte, qu’elle a ouverte avec peine et une grosse clef. Poussant son chien en avant dans la fraîcheur des murs et grimpant avec précaution la première des trois marches. J’ai, sans le savoir, pénétré "un" monde, quatre bouts de rue, quatre directions.
O sehnor Manel marche tout doucement tenant précieusement une petite boîte jaune entre ses mains. Je retrouve une heure, un jour, un lieu quand la petite boîte jaune se met à crier. On joue futebol ce dimanche après-midi à Lisbonne.
10.
Une table verte et quatre chaises vides. La partie de carte s’est terminée. On s’est dit au revoir ; quelques mots, des regards échangés ont suffit. Trois des petits vieux sont partis vers le Bairro alto ; le dernier, traînant une patte folle, vers le Rato. Le soleil, lui, se trouve bien, derrière les maisons du quartier.
Un banc de fer forgé dans le Jardim da Estrela et ce grand noir, face à terre, écrasé par une histoire qu’il n’ose commander, "étendu" à même le sol, ventre nu et collé aux pavés, caressant imperceptiblement de la main gauche une autre main, invisible cette fois. A quelques mètres de là, un petit garçon dans la cinquantaine, les bajoues pleines de friandises et les poches de son pantalon remplies à craquer de provisions, me regarde d’un air inquiet.
Rythme des murs
de leurs enfilades et fissures
Murs que l’on frôle, caresse, oublie
Murs qui demeurent
Je continue de marcher, sur le fil ténu que la rue vient tisser devant moi, et déjà rompu à mon passage.
11.
Je suis heureux comme un chat. J’ai trouvé dans le parapet d’un mur étroit, le lieu idéal pour m’étendre, ventre collé à la pierre, blanche sous mes poils noirs.
Le soleil frappe et brûle, mais il ne me dérange pas. Je le connais bien. La nuit, quand je cours les toits à la recherche d’une chatte tourmentée de l’intérieur, ou quand la lune joue avec la ville et moi avec les toits glissants, je pense à elle, à lui, à ce grand disque rond dont j’admire les formes seules quand le jour se lève et que la lumière n’est pas encore pleine. La nuit, le soleil est toujours là, à mes côtés, subtil souvenir qui me pousse à plus encore bénir son absence de mon ciel. Une nuit fraîche, augurant d’une conversation plurielle au-delà de l’horizon, une conversation dont j’entends bribes sans désir de compréhension - passivité dont s’accordent bien mes humeurs nocturnes, jamais sombres. La nuit est, avec l’océan, le sujet de bien des débats avec mes pairs. L’une nous attire, l’autre nous repousse, mais aucun ne fait naître silence sur nos mots, paroles devenues grises, miaulements d’un autre temps.
J’ai rôdé l’autre nuit sur les toits de la ville, le rebord des trottoirs, dans la fange des rigoles. L’air était piquant et réveilla le désir de me coller à toi. Mon corps tout entier sentit des griffes l’arraisonner, lui demander plus qu’il ne pouvait. Mais la proximité d’avec toi fut plus forte encore, quand ces mêmes griffes ne me blessèrent plus, quand le sang qu’elles levèrent s’apaisa et quand l’attente s’épuisa. Deux pattes sur ton ventre doux et rond, miaulement en moi, ma bouche dans l’océan de ta chevelure et épris du parfum âcre de ses racines, je suis devenu homme. Sans désir de courir les toits, si ce n’est du regard, dans le corps d’un autre, sans peur d’échapper à mon état de félicité, sans raison d’arrêter une peregrinatio du corps. Une douceur animale s’est installée en moi, sans que je désire l’humaniser, la rendre consciente. L’état m’a suffi, les questions se sont dissipées, évaporées. Les ombres se sont mises à parler et nous les avons écoutées ensemble. Puis, la nuit est devenue plus profonde encore, et froide, mais nous avons conservé nos corps d’homme et de femme.
Chemin sous le pied, pour te raccompagner dans la bouche d’un métro bleu, j’ai ouvert ma bouche mais n’ai cherché à m’accoster à la tienne. La peur de redevenir chat, peut-être. L’envie trop forte, sûrement, le désir de m’en défaire, l’espoir qu’elle m’assaillira demain avec plus de force encore.
12.
Le monde bouleversé, bouleversée ma géographie sans nord, sans pôle, moi naviguant au sextant avec les étoiles rencontrées, sans force ni désir de me situer en un "quelque part", simplement en route.
13.
Quand la pluie tache le pavé, les rues traîtresses se font brillantes et séduisantes et l’on y glisse plus qu’on n’y marche. Quelques minutes à peine suffisent et déjà rompue à cet exercice, notre déambulation se fait plus solitaire ; le corps se tend, le regard est "précipité".
Mais la pluie sur Lisbonne s’est déjà recueillie. Le soleil brille de nouveau, les eaux sont en train de disposer d’un nouveau lit où s’étendre et se laisser couler. Le Tage a la couleur de la terre, de la ville. Une couleur que le ciel contrarie et est en train de modifier, sous mes yeux atterrés.
14.
Marcher quand le corps est sous le dominion d’une faiblesse trop grande
Marcher quand les forces nous manquent pour penser, pleurer ou même dormir
Marcher pour épuiser la sensation d’épuisement
Marcher pour éviter l’accumulation des eaux et briser le barrage dédié au pouvoir
Marcher pour faire preuve et acte de résistance
Marcher pour ne pas se perdre
Marcher sans raison
Marcher pour entendre et s’entendre
15.
Petit panier bleu qui descend du balcon du 2e
lui, chemise bleue
devant porte bleue
d’une maison colorée d’azulejos
et ceinte d’une gouttière bleue
lève les yeux.
Je suspecte Lisbonne de m’avoir mis à l’épreuve de la beauté.
16.
La rue m’apparaît avec chaque nouvelle aube un peu moins plane, un peu plus ronde, convexe ou concave. Ronde et se bombant toujours plus, comme si elle contenait en son sein tant d’histoires qu’elle n’aurait de cesse de vouloir enfanter à nouveau. Histoires pures ou venimeuses, hétéronymes - jamais anonymes -, histoires subtiles et quotidiennes.
17.
La voiture, à Lisbonne, je la déteste ; sans désir de faire face à ce sentiment. Cette haine est née tout doucement mais patiemment, avec force et certitude. Les trottoirs disparus, mangés par des automobilistes sans vergogne, les passages piétons rendus plus dangereux qu’un carrefour, les sémaphores et le tout au plus fort, plus lourd et plus rapide. Lisbonne, la ville de la déambulation s’est faite champ de bataille. Une bataille sournoise, pleine d’engeance. Et ce sourire au coin des lèvres, ce désir de cacher sa véritable humeur, le cours de ses désirs, qui me donnent le haut-le-cœur. Tout donc à la voiture, tout aux roues qui marquent trottoirs blancs, écrasent pigeons et détournent les yeux des petits vieux et des petites vieilles, plantés là timidement au bord de la rue, sans autre espoir que de rencontrer un peu de bonté de la part d’un illuminé.
Voilà peut-être pourquoi je trouve dans les petits vieux et les petites vieilles le sourire de mes journées à Lisbonne : le mensonge ne les habite point. Leur démarche, leurs hésitations, leurs yeux toujours humides, leur peau froissée par des tempêtes passées : tout se raconte sans fard, sans retard. Tout à l’instant. Leurs yeux ne leur permettent plus de conduire, leurs oreilles ne leur donnent plus droit à la téléphonie sans fil. Ils sont mes préférés.
Quand je marche, mes pieds, jambes et bras, mon corps tout entier en fait, me conte que l’espace public est celui du conjoint, du retour au dessin, de la tectonie. Lisboa sans raison cognitive, Lisboa de la passion, celle qui s’étreint, qui étreint, à qui l’on fait l’amour et s’abandonne, qui nous recueille, s’enflamme et se consume, renaît plus forte et plus belle. Celle dont le ventre nous raconte que bientôt, à l’instant, une naissance va prendre place, développant de nouvelles formes, de nouveaux contours. Lisboa au ventre rond que j’ai envie de subtiliser à la raison.
Dans la ville en sueur
j’ai goûté une dernière fois à l’errance
offerte par une tasse de café
Je substitue le mouvement par l’amer
Le doux immobile, je l’immole