- 8 octobre 2009, par Ariane Molkhou
Hier, à 17:22
« Voilà ce qu’il ne faut pas être » disais-tu en parlant de moi, ça commence comme ça entre nous, ça commence par un coup d’épée, de ligne, de langue à qui on ne la fait pas, ça commence par la vérité.
À l’époque, je vais très mal, je m’endors dans la journée, devant Henri Meschonnic je m’endors, devant Jaques Réda je m’endors, tu prends ta fourchette et tu me l’enfonces dans les fesses, tu me (...)
- 25 août 2009, par Béatrice Commengé
C’est en mouvement que je vois Diderot quand je ferme les yeux. Prêt à bondir de son fauteuil, à sauter dans un fiacre, à traverser la Seine. Je tourne autour de sa statue - celle de Jean Gautherin, érigée en 1885, en face de l’église Saint-Germain des Prés, entre deux rangées de marronniers qui commencent à perdre leurs feuilles. La rue Taranne a disparu. Elle se trouvait quelque part par là, tout près (...)
- 19 juillet 2009, par Chloé Hunzinger
Le soir, des fois, je parle à mes morts. J’en ai trois, des morts. Michel est mon préféré, celui avec qui je cause le mieux. J’allume une bougie, je fixe sa flamme érigée, et je lui dis : "Montre-moi le chemin qui ne mène nul part". Michel, c’était mon fiancé. Mon fiancé par lettres. J’avais préféré, d’emblée, le prévenir. Le rencontrer ? JAMAIS. Et, en effet, nous ne nous sommes jamais rencontrés. J’ai (...)
- 19 juillet 2009, par Béatrice Commengé
La voiture, qui arrivait de Zurich, venait de dépasser Schaffhausen : elle était entrée en Allemagne. De ces deux villes, je n’avais rien vu : les routes ne conduisent plus qu’à d’autres routes. On se contente de changer les noms sur des panneaux. Les villes sont devenues superflues : on les aperçoit de loin, au bout d’une bretelle. Aucune chance de les découvrir par hasard. La ville doit être votre (...)
- 11 septembre 2008, par Stéphane Tirilly
Lorsque je sors du taxi devant l’hôtel international, il fait encore nuit ; ou plutôt, une aube noire et bleue, où la façade illuminée du Musée national resplendit blanche de l’autre côté de l’avenue. De petits groupes patientent près du grand bus de couleur rouge. J’allume une cigarette. Un couple âgé, à qui je demande l’heure, m’interroge sur ma nationalité. Ils paraissent étonnés et touchés en apprenant (...)
- 10 juillet 2008, par Marie-Louise Audiberti
A Berlin ! C’était marqué sur les trains : Nous irons à Berlin ! En attendant c’était les Allemands qui occupaient Paris. Tous les panneaux de signalisation étaient écrits en allemand, afin que l’ennemi ne se perde pas dans nos dédales. Dans la foulée on apprenait à traverser aux clous sur les passages cloutés. Aujourd’hui, même à Berlin, il semble que l’on soit plus tolérant ; mais Berlin n’est peut-être (...)
- 24 juillet 2007, par Béatrice Commengé
Ile imaginaire, île istrienne, encore et toujours nôtre : que l’occupant ne pourra jamais posséder !
P.A.Quarantotti-Gambini
Je pense à la couleur bleue : celle des yeux de Joyce derrière ses épaisses lunettes, et celle de la mer, à Trieste. Je les superpose. Les bleus se confondent. Derrière les lunettes, l’oeil paraissait encore plus grand, écrit Italo Svevo, le regard froid, intensément (...)
- 4 septembre 2006, par Michael Jasmin
Dans la rondeur du jour qui se lève, en ce samedi du début du mois de septembre 2005, nous décidons, ma femme et moi, rentrée oblige, de nous rendre dans ce nouveau centre commercial dont les journaux ont parlé. Situé en région parisienne près de Melun il se nomme le "Carré-Sénart". Son ouverture récente le rend d’autant plus intéressant que ses concepteurs l’ont développé selon un concept global. Il ne (...)
- 22 septembre 2005, par Pascale Hermann
Cette légende provient de la tradition orale de Futuna et en tant que telle, sa trame appartient au patrimoine futunien. Néanmoins j’ai essayé, comme j’ai pu, de lui donner une matière qui est complètement étrangère au style et à l’esprit originaires. On peut alors se risquer à dire que cette légende est la rencontre de deux cultures. Mais je ne me leurre pas pour autant : son sens premier, futunien m’est (...)
- 23 janvier 2004, par Hervé Chesnais
Pour Mado
Tout le monde t’appelle Mado. Ce n’est pas rien, chacun te tutoie, tu tutoies chacun, moi comme tout un chacun. Tu portes une cinquantaine éprouvée, un imper vert, des cheveux rouges. De toi je ne sais rien sinon qu’au lycée chacun t’estime, et que tu as le don d’abolir les castes dont nous relevons. Tu réponds au téléphone, tu ramasses les tickets à la cantine, tu fais partie de mon (...)