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Une saison 

12 poèmes…

jeudi 15 mars 2018, par Lionel Marchetti

 

Photographie © Lionel Marchetti - 2017
Photographie © Lionel Marchetti - 2017

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UNE SAISON

JUILLET

La nuit m’emporte
comme si j’étais léger

Un espace immense —

Le ciel s’y enfonce, sans un bruit.

AOÛT

Chaleur et lumière intense sous les falaises

Insectes rares


Le soleil, toujours (l’esprit de l’ouest)

Construction d’un édifice au bord de l’eau.

SEPTEMBRE

De ce peu de choses
juxtaposées
naît une force d’évidence
difficile à nommer
réunissant à elle seule le sensible d’une oreille incendiaire


De ce peu de choses récoltées
(un animal à la recherche de graines pour se nourrir)


Le monde — traversé par une flèche refusant de tomber

Un éclair

Mais bientôt viendra l’heure de la mort.

OCTOBRE


Je lève les yeux

Le vent emporte les nuages

Un vol d’oies sauvages se dirige lentement vers le sud


La Terre est immobile.

NOVEMBRE

1.

Face à l’ouest

Les arbres, comme des griffes
dansent avec le ciel

L’hiver s’approche

L’espace glacial est encore plus glacial.

&

2.

Me voici dans la montagne
à la limite de la roche et des arbres rares

Éloigné de toute vie trop agitée

Plus aucun son, ni mouvement

Seul cet agrégat nuageux, vers le col
défile, invariable
comme une lente sécrétion.

DÉCEMBRE

Il neige

J’observe le cycle des saisons

Je reste immobile

Je suis une pierre.

JANVIER


Les herbes dansent

La vitesse s’accroît

Les couleurs changent

Le ciel rejoint la Terre

Hautes collines de buis où chantent quelques rares insectes

Le ciel prend feu
bien qu’il fasse de plus en plus froid


Herbes sèches Gramineae (nourriture essentielle)
quelques coquelicots recroquevillés, quelques chardons secs

L’étendue s’inscrit dans mon œil



Je me déplace

La montagne s’écoule.

FÉVRIER


Chaque jour le feu rayonne

Chaque jour
il nous transforme

À cet instant, celui qui parle
semblant dormir soudain s’éveille

Il laisse venir tout un peuple à ses côtés

Marcher ainsi —


Sur la neige, une ligne
dessinée dans la lenteur du froid pénétrant.

MARS

Comme un torrent

bruyamment
pénètre les roches et la forêt
 
Une force glaciale



Le souffle



Comme un torrent, tout là haut

depuis l’espace immobile.

AVRIL 

Un corbeau, ce matin, très tôt


Le ciel

La pluie tiède


Cet horizon blanc où l’astre chute.

MAI

Accepter la peur — elle s’enfuit

Espace silencieux

Rêve cruel.

&

JUIN

Cavalcade sous les falaises

Ma tête est blanche, mes os sont blancs



Je finirai blanc —

Le poème

La multitude.

…/…

P.-S.

UNE photographie — UN poème / © Lionel Marchetti - 2011 / Alpes, crête des Gittes, septembre 2017

« Les nuages qui flottent dans le ciel,
N’ont ni racine, ni demeure.
De même, les pensées qui vagabondent dans l’esprit.
 »
—  Le Mahamudra du Gange, Tilopa — maître bouddhiste tantrique indien

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