Un premier fil, celui des cartes qui lient nos mains au jeu, les gestes qui partent de soi, le je[u]. Le parcours d’une carte jetée sur la table avant d’aller s’immiscer dans l’espace de l’autre, se frotter à lui/elle, se rencontrer, poser un temps, la tête sur les genoux. Poser un temps la carte, le fil sur la table avant qu’une autre main vienne le prendre, le continuer, une caresse sur la tête d’un enfant, ou le rompre pour reprendre le jeu...
Un second fil, celui des regards et des rires des femmes. À hauteur d’yeux, les regards tissent, cherchent, trouvent au-delà de la rivalité du jeu et des vies, la complicité, ce secret indicible délié par le rire, mais autrement caché au coin de l’oeil et à la commissure des lèvres.
Un troisième film, celui de la voie et du texte qui sous-titrent et soulignent. Le fil du souvenir commencé un jour, puis coupé pour reprendre là où la chronologie du temps ne s’y attendait pas. À chaque fois, "il était une fois", mais tu, non-dit. Les fils cassés des vies racontées par bribes d’histoires raccommodées dans l’espace blanc des blouses blanches. "Que des règles pas de normes" et pouvoir enfin laisser le fil pendre sans craindre de "devoir" s’attacher à un bout.
Ce film déroule la pellicule de sa bobine. Il tresse les fils en natte du souvenir. Mais surtout, il tisse une trame qui comme un vêtement vient couvrir et protéger la peau du frisson qui la parcourt, en ce beau jour de printemps, encore un peu « frais ».