La Revue des Ressources
Accueil > Dossiers > La Connexion française et internationale de 1968 > Constellation 68, ceci n’est pas une commémoration 2/2

Constellation 68, ceci n’est pas une commémoration 2/2 

Bandits-Mages invite Olivier Hadouchi qui invite Aliette Guibert, 1-3 juin 2018, Bourges

mercredi 2 mai 2018, par Olivier Hadouchi

En 1968, des vagues contestataires, où la jeunesse joue un rôle important, surgissent dans divers endroits de la planète, de Berlin à Paris, de Tokyo à Sochaux, de Dakar à Belgrade, de Prague à Mexico. Sans faire abstraction des spécificités locales et des différences de situation entre les lieux, les continents, les pays ou même les régions, de nouvelles visions du monde et de la politique émergent alors. Les dimensions anti-impérialistes et internationales (voire même internationalistes), l'apport des Suds insurgés, n'ont-t- ils pas souvent été éclipsés au profit de récits parfois limités à une seule ville (comme si d'autres villes n'avaient pas bougé dans l'Hexagone, en dehors de la « capitale ») ?
Nous souhaitons ouvrir et déployer 1968, interroger ses sources, ses mémoires, ses échos & ses résonances à travers un agencement de films & de vidéos.
Déployer & déplier des apports et des propositions autour de 1968, en prenant en compte ses éventuels prémisses et ses « vies ultérieures » (pour reprendre l'expression de Kristin Ross), afin d'élargir et démultiplier cette constellation multiple et plurielle porteuses de nombreux éléments qui n'ont pas cessé de nous intéresser. L'aspect international(iste), la notion de convergence des luttes (parfois si décriée ou considérée comme un mythe), le rapport entre l' « ici » et l' « ailleurs », la critique anti-autoritaire & la dimension utopique — sans oublier d'autres aspects qui surgiront des projections & des échanges — sont autant de pistes à explorer et à discuter ensemble.

Olivier Hadouchi [1]


 Constellation 68, inauguration : Mathieu Kleyebe Abonnenc, The night readers, 45’ (2018)
Une proposition d’Aliette Certhoux et de Olivier Hadouchi.

 1/2 Moving Inside : Les vies bouleversées | Gare à l"urbanisme
Une programmation d’Aliette Certhoux

 2/2 (Re)Déployer 68 - 68 (Re)Extended - Desplegar 68 :
Internationalisme(s), anti-impérialisme et convergence des luttes ? |
Je, tu, il, elle… elles, eux" | Détruire, reconstruire et décentr(alis)er ?
Une programmation d’Olivier Hadouchi


Bandits-Mages
Le Haïdouc, Friche l’Antre-peaux ; 24 route de La Chapelle, Bourges.
Entrée libre.


Mario Handler, Me gustan los estudiantes (1968)
Photogramme (Source © Mario Handler)


2/2 (Re)Déployer 68 - 68 (Re)Extended - Desplegar 68 :
Internationalisme(s), anti-impérialisme et convergence des luttes ? 1er juin, 3 juin
Je, tu, il, elle… elles, eux | Détruire, reconstruire et décentr(alis)er ?


Internationalisme(s), anti-impérialisme et convergence des luttes ?


Vendredi 1er juin, 20h 15

 J’ai huit ans
 Face au silence
 Off frame, Jusqu’à la victoire


J’ai huit ans, Yann Le Masson, 9’ (1961)

Ce court métrage, tourné clandestinement pendant la guerre d’Algérie, est réalisé à partir de dessins d’enfants algériens recueillis en 1961 dans un camp de réfugiés en Tunisie. Par leurs dessins, les enfants expriment toute l’horreur de cette guerre qui les a obligés, eux et leur famille, à fuir leur pays. Le mode de diffusion « parallèle » (par le biais de projections clandestines et semi-clandestines) de ce film anticipe les ciné-tracts de mai 1968.


Off frame, Jusqu’à la victoire, Mohanad Yaqubi, 60’ (2017)

Retour sur les images (filmées par des cinéastes palestiniens et d’ailleurs) qui ont accompagné, documenté, appuyé le mouvement de libération de la Palestine dans les années 1960 & 1970, à l’heure des bouleversements révolutionnaires de ce qu’on appelait alors le « tiers-monde » (en pleine ébullition).


Face au silence, Mounir Fatmi, 14’ (2002)

Face au silence interroge le silence fait autour de la disparition de Mehdi Ben Barka, président du comité préparatoire de la Conférence tricontinentale & grande figure de la gauche marocaine, enlevé en plein Paris, devant la Brasserie Lipp, en octobre 1965.



Dimanche 3 juin, 17h 30

 Me gustan los estudiantes
 Liber Arce, Liberarse
 Contestação
 Kathleen & Eldridge Cleaver
 79 Primavera
 Moroni
 I live in a Bush World
 Texas Chainsaw Political Massacre


Me gustan los estudiantes, Mario Handler, 9’ (1968)

Des étudiants uruguayens manifestent lors de la réunion des chefs d’État à Punta del Este. Le film est structuré comme un contrepoint entre les présidents, les étudiants et un groupe de policiers qui répriment violemment la manifestation.


Liber Arce, Liberarse, Mario Handler, 14’ (1970)

L’étudiant Liber Arce a été tué par la police lors d’une manifestation. Ses funérailles devinrent la plus grande manifestation de Montevideo.


Contestação, João Trevisan, 14’ (1969)

Tourné clandestinement par un cinéaste brésilien, ce documentaire engagé agence des images de la contestation planétaire autour de 1968, en critiquant vigoureusement les régimes conservateurs et dictatoriaux (Brésil, Espagne, Portugal…).


Kathleen & Eldridge Cleaver, Claudia Von Alemann, 24’ (1970)

Un document visuel peu connu : Claudia Von Alemann est venue à Alger filmer des déclarations de Kathleen et Eldridge Cleaver, un dirigeant Black Panther et son épouse alors en exil dans la capitale de ce pays.


79 Primavera, Santiago Álvarez, 25’ (1969)

Un documentaire d’agitprop marquant la mort du dirigeant nationaliste vietnamien Ho Chí Minh, utilisant des images trouvées pour relier son travail à des mouvements politiques mondiaux comprenant la révolution cubaine et la résistance aux Etats-Unis à la guerre du Vietnam.


Moroni, Mounir Allaoui, 3’ 12’’ (2002)

L’artiste réunionnais Mounir Allaoui filme Moroni, la capitale des Comores, comme un songe éveillé, sur fond d’insurrection.


I live in a Bush World, Lionel Soukaz, 6’ (2002)

« Les trois premières minutes que j’ai filmées sur les Champs Elysées, à la demande de Derek Woolfenden, sont tirées de son film Playdead. Puis Bush est arrivé à Paris et, comme tous ces manifestants, j’ai réagi. » (Lionel Soukaz)


Texas Chainsaw Political Massacre, Lionel Soukaz, 6’ (2002)

Sur la bande-son (en VF) de Massacre à la tronçonneuse, le film d’horreur culte avec un ignoble tueur texan, Lionel Soukaz associe des images de protestation contre la guerre menée par Bush Jr.


Je, tu, il, elle… elles, eux


Vendredi 1er juin, 20h 30

 Exprmntl 4 knokke
 Album 1


Exprmntl 4 knokke, Claudia Von Alemann, 40’ (1967)

Eprmntl 4 nous plonge dans l’ambiance survoltée du festival de cinéma d’avant-garde de Knokke-le-Zoute en 1967. Cette édition a accueilli des performances de Jean-Jacques Lebel, des travaux de Yoko Ono, des séances agitées… sur fond de contestation de la guerre du Vietnam.


Album 1, Boris Lehman, 60’ (1974)

Ce film muet, où l’on croise plusieurs ami(e)s de l’auteur, est accompagné d’un pianiste jouant en live.


Détruire, reconstruire et décentr(alis)er ?


Dimanche 3 juin, 15h

 Détruisez-vous
 Sochaux, 11 juin 1968


Détruisez-vous, Serge Bard, 60’ (1968)

Étudiant en ethnologie à l’université de Nanterre. Serge Bard quitte la fac à la fin de l’année 1967, trouvant le système universitaire trop aliénant. En avril 1968, il tourne ce film qui annonce les événements de Mai 68. Le titre provient d’un graffiti écrit sur les murs des beaux-arts : « Aidez-nous : détruisez-vous ».


Sochaux, 11 juin 1968, Groupe Medvedkine, 20’ (1970)

11 juin 1968. Après 22 jour de grève, la police investit les usines Peugeot à Sochaux : deux morts, cent cinquante blessés. Un drame longtemps resté dans l’oubli. Des témoins racontent. [2]


11 juin 1968, Groupe Medvekine
Capture d’écran vidéo.


P.-S.

En présence des réalisateurs invités de Olivier Hadouchi et Bandits-Mages : Mathieu Kleyebe Abonnenc, Mounir Allaoui, Claudia Von Alemann, Boris Lehman, Jackie Raynal-Saleh, et des chercheurs Bachir Ben Barka, Louisette Faréniaux, Sylvain Dreyer, Sébastien Layerle, Catherine Roudé, Marguerite Vappereau.

Et en présence des réalisateurs et chercheurs invités de Aliette Guibert et Bandits-Mages.

Constellation 68
Bandits-Mages
Programme général

Notes

[1Olivier Hadouchi, note biographique :

Actualisation

En 2017, Olivier Hadouchi a conçu un cycle de films pour le Musée de la Reina Sofía (Madrid) et des séances pour le ZdB (Lisbonne) et Bandits-Mages (Bourges) ; il participe régulièrement à des festivals de cinéma. Récemment, il a collaboré aux ouvrages collectifs suivants : Filmmakers of the World, Unite ! Forgotten Internationalism, Czechoslovak Film and the Third World (dirigé par Tereza Stejskalová édité par Tranzit/Prague), Chris Marker. L’homme-monde (dirigé par Christine Van Assche, Raymond Bellour) ou aux revues CinémAction, Third Text ou La Furia Umana.

Résumé

Historien du cinéma et programmateur de films, Olivier Hadouchi a soutenu sa thèse en 2012 dédiée au cinéma et aux luttes de libération de 1966 à 1975, programmé des cycles de films ou des soirées spéciales pour le BAL, le Bétonsalon, le Cinématographe de Nantes, la HEAD et le Grütli à Genève. Par ailleurs, il a introduit des films (Jocelyne Saab pour le festival Cinéma du Réel et à la Cinémathèque à l’invitation de Nicole Brenez), donné des conférences à l’École des Beaux-Arts de Lyon, de Nantes et à la Fondation Serralves (invité par Mathieu Abonnenc), et il a participé à de nombreux colloques. (Paris, Berlin, Tours…).

Bio-bibliographie

Né à Paris en 1972, historien du cinéma et programmateur de films, il a soutenu une thèse de doctorat en cinéma (« Le cinéma dans les luttes de libération : genèses, initiatives pratiques et inventions formelles autour de la Tricontinentale (1966-1975) » en mai 2012, à l’Université de Paris 3. A participé à l’exposition collective « Action Painting Publishing ! — Architectures du colonialisme » (juillet 2012) du groupe « Architectures du colonialisme » créé par Marion Von Osten aux Laboratoires d’Aubervilliers et à l’espace dédié à Michèle Firk, dans l’exposition collective « De Menocchio nous savons peu de choses » (septembre-décembre 2012) au Bétonsalon. Programmations de films pour le BAL, l’HEAD et le cinéma Grütli de Genève pour l’événement « Start Making Sense ! » en mars 2013.

Ouvrages (à suivre)

Olivier Hadouchi - Préface de Antoine Coppola,
KINJI FUKASAKU : UN CINÉASTE CRITIQUE DANS LE CHAOS DU XXE SIÈCLE ;
Coll. Images d’Asie, éd. L’Harmattan (2009) (amazon)

Parmi les publications

Notamment : « La mémoire des luttes contre les dictatures dans le Cône Sud » (L’ordinaire latino-américain, 2010), sur « Festival Panafricain d’Alger » (Third Text, 2011) et les « Caméras pour l’indépendance algérienne » dans le catalogue Vies d’exil coordonné par Benjamin Stora et Linda Amiri (éd. Autrement, septembre 2012).

(...)

Olivier Hadouchi
Esthétique et liberation(s) : Deux ou trois choses sur Fanon et quelques films du tiers monde en lutte

Colloque Fanon et après ? organisé par l’American University of Paris (30-31 mars 2012, à l’AUP - Grand salon, - et au Lavoir moderne parisien).

Olivier Hadouchi dans criticalsecret.

https://rsomnambules.wordpress.com/

[2NdLa RdR Cette tragédie ne fut pas immédiatement relevée dans sa gravité à Paris où les étudiants se trouvaient sous le choc de la mort de Gilles Tautin noyé la veille lors d’une charge des gendarmes mobiles vers Meulan près de Flins, où il étaient allés secourir les grévistes de Renault qui eux aussi commençaient à être attaqués par la police.

© la revue des ressources : Sauf mention particulière | SPIP | Contact | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | La Revue des Ressources sur facebook & twitter