PROSES ENGELSIENNES
1. LA PROPRIÉTÉ
La propriété je me l’imagine comme un bon gros rentier
Comme nous le peignent des livres entiers
Qui n’a jamais connu ni la famine ni le chantier
Il est gros elle est ronde c’est sa rente
Chaque mois elle rentre
Indiscutable charpente
Du capitalisme la rente
Seulement voilà
je ne connais pas de rentier
Pas un seul on nous ment je crois
Sur le sentier
Partagé d’une vie aux abois
J’ai bien connu je l’avoue de tristes juges marrons
Des avocats pardon
Des politiciens sans prison
De savants sages
De tout temps de longues pages
Dédient à décrire le changement de cet âge
Où naquit sans nous dire bien pourquoi
La propriété
Comme partage
Des biens existants et de l’entrée
En société
Pour ce que l’on voit
Ils n’ont pas vécu sous la même loi
Que celle qui à nous tous échoit
Sur l’héritage
Durement amassé
D’une vie de labeur pour que le pauvre
Et le moyen
À leurs enfants ne puisse pas le passer
L’État se paye un substantiel impôt
Pour éviter l’enrichissement du pauvre
Il y a le simple coût de la vie en soi
Tout type de taxes et d’impôts
Sur le travail comme sur les économies
Investies
On pourrait facilement dire qu’il y a un génie
Malin
Dans les comptes de l’État
Vaut-il vraiment la peine
À tout cela
D’ajouter la peine
Et la chaîne
Des travailleurs
Qui perdent leur vie
Qui se coupent les veines
Pour finir au chômage
Les frais de santé
Qui ne couvrent que les pleurs
Et les retraites de pâtes sans beurre
Les cotisations
Vont aux gouverneurs
Taux de changes et gestion de comptes
Sont d’autres instruments de décompte
Pour les biens
De ceux qui n’ont rien
Qu’on m’explique donc ce mensonge
De la rente et de l’évolution
De la propriété qu’on nous exploite
Si par où qu’on y plonge
Société injuste qui boîte
Il n’y a depuis les temps immémoriaux de Vulcain cul-de-jatte
Que quelques Alphas et nous autres tous qui faisons le dos rond
2. LE TRAVAIL
Le travail
Est une bataille
Sans victuaille
Qui vaille
Le mauvais
L’ami
Monte vite
Au frais
De l’envie
L’escalier
De l’ascension
Sociale
Et évite
Le concours
Qu’on gravite
Et l’humiliation
De faire la cour
Comme égal
Il agite
Sa baguette magique
Le monde est à lui
Et nos faces tragiques
À l’inverse
Le compétent
Combattant
Les sévices
Du service
Les vertiges
Qui attisent
La controverse
Peu à peu verse
Sa vie dans le calice
De l’amertume
Qu’il écume
Et de la stagnation
La compétence
Est un vice
Elle met en péril
C’est un fait
Le chef qui n’arrive
Jeune que par amitié
Et les collègues
Dans le status quo
De l’inopérance
C’est un prix une lice
Que perd facile
Et fragile
Le plus habile
Les résultats
N’importent pas
Dans ce lai
Où compte
La dive
Des héritiers
Aigre lègue
Pour qui n’a pas de pot
Et dans son bureau
N’a que ses deux mains
Sans demain
Oublié des fées de la chance
Employé sans vacances
Seul à Hollywood
Sans brotherhood
Du neighborhood
L’oeuvre pure et dure
Ne passe jamais au comité de lecture
Van Gogh
Principal invité de ce gogue
Point de départ
D’autre part
La société
Vit mieux de la pauvreté
La misère
Est son air
Comme le tronc pourri
L’est au gui
N’est-il pas curieux
Qu’il soit symbole des amoureux
La banque
Vit de la rente
Qu’elle fait perdre
Non de celle qui prospère
Le capital
Ne nécessite pas l’ouvrier
Il vit mieux
Du chômage
En temps de crise
Le riche est plus riche
Consortiums évidents for fools
Hollywood nous dit fumer c’est cool
Les écologistes
Et les pacifistes
Sont violents
Les pauvres
Veulent déstabiliser
L’équilibre mondial
La pieuvre
Sait privatiser
Le bien général
Au profit de ses émoluments
Établi sur le manque
Moloch gît dans ses pentes
Et grossit des descentes
Il n’achète l’animal
Son ivoire et son cèdre
Qu’au prix le moins cher
Pour cela il gâche ses deniers
Dans chaque dictature et dans chaque esclavage
Universel il attise
Le jeu de tout ce qui triche
Il vit global
De la disgrâce générale
Il paie le moindre dictateur
Et se répand en programmes sociaux
Non gouvernementaux
Là où la saine peste montre son coeur
Élégant il se cache sous ces masques trompeurs
Que lui importe la production
Ou la souveraineté alimentaire
Il pleure à chaudes larmes
Ce qui pour lui sont ses armes
Plus nombreux sur cette terre
Plus inégale la répartition
Pour chaque million
Que nous sommes un peu plus cher
Le coût de production
Il nous parle d’éducation
De rien ne sauve l’éducation
S’il l’offre à des millions
C’est parce qu’il n’en a pas besoin
Nous l’avons dit aucun des siens
N’est là pour sa vision
Comme le travail
Il faut le payer
Il est plus viable
De nous mettre à chômer
Aujourd’hui les machines
Sont plus rentables
Que toute une usine
Pleine d’ouvriers
Sauf peut-être pour les services
Et les zones franches
Pour cela il possède aussi le Tiers-Monde
Il engraisse les dictateurs
Pour avoir la main ferme sur sa maison
Là pas d’éducation
Il faut que tôt on entre en service
La sécurité sociale est le pire sévice
En Europe on essaie bien de quitter les dimanches
Outsourcing Sitel on l’imagine blonde
Jennifer en Équateur
Un accent trompeur
Le petit frère fait des montres ou émonde
Pour Taiwain la UE ou les EU free-lance
Le père boit la mère planche
Et voici cynique
Le Monde Diplomatique
Ignacio Ramonet
Qui vient raconter
Les contes de la cheminée
Au cheminot qui l’a ramonée
14 années démocratiques
Le Premier Monde
Possède le Tiers-Monde
Les dictateurs
Comme les fleurs
Se multiplient
Sous le pâle soleil qui plie
D’insipides Tropiques
Ils continuent de s’enrichir
Vendant au meilleur prix
À l’Europe ou aux États-Unis
Leur sale pétrole
Ils continuent de maintenir
Avec leurs habits de banderoles
À leurs peuples soumis
Et abrutis
C’est vrai que dans leurs mansions
Le Sud est prolifique
Ils n’oublient
Jamais le fils et le gendre
Qu’ils engendrent
Et qui se reproduit
Comme le tique au sommet
De l’administration
Les fils de Sánchez
On dit à l’homme total de Marx
De la formation permanente
Plus de main-d’oeuvre spécialisée en tout
Plus bas les salaires de tous
Le disait il y a 150 ans de cela le vieux Marx
Mais le capital est sourd et la populace est lente
3. L’ÉTAT
Et on reste ainsi dans l’horrible réalité
Où ils vivent ceux d’en haut en haut
Et ceux d’en bas en bas
Où ceux qui ont les joyaux
Ne les méritent pas
Et ceux qui n’en ont pas
Ou se répartissent juste les miettes du plat
Peu importe l’effort peu les vaut
Le talent ou leur habillité
N’entreront jamais au château
Puisqu’ils n’en ont pas la clé
L’État
C’est pour les chiens
Cette Église ou prient les serviles qui livrent nos libertés funestes
Aux statues des pieds qui les broient
L’État
C’est l’évidence qui nous échoit
Que tout s’en va que rien ne reste
De tous les morts pour rien
Seuls le désespoir et la peste
Sont le sel
Qu’ils n’imposent pas
À nos corps en croix
L’État c’est la gratuité de rien
Trente-six tiré au bain
Les mensonges sans fin
De discours vides et plats
L’État
C’est les vices et les sévices auxquels on croit
Et qui servent comme pour les filles aux gars
Pour qu’ils nous baisent
Les lèvres prêtes dans l’extase et les fraises
L’État
C’est le plus fort mâtin
Ne nous en déplaise
C’est le dur qui fait la loi
Qui impose sa loi
L’État
Enfin
C’est cette idée que perpétuellement l’on tresse
Et contre le coeur l’on presse
D’un ciel qui jamais ne s’ouvrira
Pour l’État
Invisible est la Nation
Entre ses mains
Dignitaires indignes
Qui s’élèvent et s’affaissent
Dictateurs qui Veaux d’Or ne se quittent pas
Ce sont eux seulement qui conforment l’État
Morts à l’humanité entière avides et vains
Leur chiffre est le treize
Leur nom éternel Judas
4. BOURGEOISIE ET PAUVRETÉ
Monsieur
Dans son bureau plein d’oeuvres en cuir
Rangés par ordre de taille pour éblouir
Monsieur
Passe revue de presse
L’Express
Pour les nouvelles internationales
Et être au courant de ce qui se passe dans le monde
Pour les nouvelles nationales
Le Monde
Il lit aussi L’Observateur
À ses heures
Madame
Toute une dame
La bourgeoise
Sa bourgeoise
Garde comme un bijou
Qu’elle ne se quitterait pas du cou
Son pékinois
Au bout du bras
L’animal mauvais
Les crocs toujours pelés
Se donne les airs d’un dictateur sénégalais
En même temps qu’ils semble t’insulter en javanais
Les deux dans leur appartement parisien
Qui en fait sont trois
Avec le chien
Depuis que d’un coup d’université en droit
L’enfant a pris son propre chemin
Vont en hiver
Au Cirque d’Hiver
Et aux expositions
Du Grand et du Petit Palais
Ils vont aux films d’opinion
Et en février vêtus de pur alpaga
Chaque année ils louent un chalet
Bien qu’en fonction du coût ils changent de station
L’été c’est Ibiza ou Málaga
Avec Le Guide du Routard
Ils ont fait une fois l’Inde du Bengale à l’Uttar
Et les États-Unis
L’Amérique comme ils disent
Ils ont vu le Grand Canyon dont ils savent le nom en hopi
Ils ont fait le pack complet Hollyday Inn
Route 66 du Hilton la Paris
De la Guerre de Sécession et de la rébellion de Cochise
Plus complexe le cas de l’ouvrier dans son usine
Ni rentier ni entrepreneur il oscille
Entre la fonction publique et les emplois de routine
Sa vie est inutile
Infertile
Et versatile
Mais comme la métaphore des 100 thalers
Dans la Critique de la Raison Pure
La misère
N’apporte aucune qualité supplémentaire
Au sujet qui l’endure
Il ne nous sera donc ni meilleur ni plus pur
Ce n’est au fond qu’un bourgeois en puissance
Mais qui ne connaît pas L’Esprit des Lois
Il vit en instance
Ce que l’autre photographie en vacances
Il s’éduque parce qu’enfin
Il faut bien
Et qu’on l’y oblige
En rien prodige
Peu profonds sont ses vertiges
Sa mer c’est la Bretagne
Son hôtel le camping
Il regarde passer les strings
Comme Mahomet les montagnes
Il construit ses empires
En jeux vidéos
Il apprend que le pire
N’est qu’un modalité de l’ego
Il ne ressent plus les coups sus sa peau
C’est à la trique que la mère le faisait obéir
Et que le père l’envoyait acheter sa Kro
Toutes ses connaissances sont accessoires
Il vit comme les chiens dans la soif
Et l’immédiate satisfaction de boire
Pour lui la tête n’est qu’un lieu que l’on coiffe
Oublieuse sa mémoire
Collective ou individuelle
Il n’a pas d’histoire
D’autres pour lui la feront belle
Il ne représente que les morts
Anonyme comme eux son effort
Il est utile car il est remplaçable
Toujours satisfait des miettes que son maître laisse à la table
Il ira sans cesse hargneux tuer l’horrible étranger
Au son glorieux et confiable
Des meurtres au pied léger
Du pauvre et du bourgeois chacun a sa charité
Les deux sont chantres de la liberté
Le premier bien sûr participe au Téléthon
Le second aux Restos du Coeur
Le premier cueille les nouvelles au 20 Heures
Le second s’informe chez Ardisson
Aucun d’eux n’est très bon en mathématiques
Ils laissent ça aux mains
Des instituts de statistiques
La TVA le fisc
On leur quitte tout
Mais ils veulent être connus pour bons citoyens
C’est pourquoi aussi ils comprennent tout
Isaac qui tend le cou
Au poignard assassin
Ils offrent sans dégoût
La poitrine et pratiques
Ils dénudent leur sein
Formés à l’école de la République
On leur a appris à obéir
Comme les moutons
Depuis qu’ils ont oublié de lire
Ils ne savent plus qu’on les tond
Les deux animaux plus que politiques
Ne savent rien d’Aristote ni de Platon
C’est pourquoi le premier change de Sarkozy à Hollande
Et le second fait son marché chez Le Pen
Selon l’un pour sortir de la crise
Il faut restructurer l’offre et la demande
L’autre pense qu’il faut mouiller la chemise
Et repenser l’Union Européenne
Mais les deux sont d’accord sur le point central
Il faut inciter les chômeurs à travailler
Réduire les dépenses de la Sécurité Sociale
Et fermer les frontières aux étrangers
Ô comme les galeries de Fontainebleau seraient triste
Sans le Maître Roux de Florence ni Le Primatice
Ainsi le bourgeois et le pauvre sont sûrs disent-ils qu’on continuera de les payer
Et se résoudra la crise qui ne l’oublions pas est mondiale
Redonner confiance aux investisseurs face au danger
Se serrer la ceinture et terminer de payer les intérêts bancaires
Voici résumé en eux la politique animale
Qui montre comment bons élèves ils en suivent les commentaires
Disciples férus de PPDA BHL et d’Onfray
Que personne ne s’effraie
Sartre est un titre de Lévy
Et l’Algérie est de Jamel
Choisir entre Dieudonné ou Élie
Voici de la France contemporaine le dilemme actuel
Ne pas porter le voile n’atteint-il pas à la liberté individuelle
Et comment vivront Las Vegas les Ch’tis
5. L’IMPÉRIALISME
Son contexte
N’est qu’un prétexte
Dans son décor
Sans confort
Ce n’est pas qu’il le déplore
Privé d’image mentale
Qui lui révèle son sort
Dans sa capitale
Tendue de câbles
Où les rues sont de sable
Et explose l’asphalte
Sous le poids d’un squelettique cheval
Pas d’égoût
Tout n’est que trous
Sa couleur
Comme de Kant les thalers
Est anecdotique
Bien qu’emphatique
Il dénoncera l’étranger voleur
Comme rappelle Weber
Au début de son Éthique
Son monde de rien ne fut jamais créateur
Sa culture est de sélections infantiles
Et son éducation de fascicules estudiantiles
Ne cherche pas Ô Toi Lecteur de monument historique
Sa ville est de glaise et de plastique
Comme ses États sans République
Comme eux il est servil
Le plus probable est qu’il ait été chantre volubile
De quelque dictature
De gauche pure
Ou d’une droite en armure
Où l’on relie Marx par Staline
Où l’on expose Smith à l’usine
Malthus est la routine
Son frère est toujours de l’autre Parti fidèle à l’autre douleur
Ainsi à eux deux ils évitent et dirigent le malheur
Membre d’une rachitique bourgeoisie
Sa vie n’est pas Le choix de Sophie
Pas de musée pas de salon de thé
Il s’informe par les éditions à tirage limité
Des deux seuls journaux nationaux édités
Probablement commandités
L’un par le gouvernement révolutionnaire
L’autre par l’entreprise
Dont dans les deux cas les affaires
Dans le même sac sont mises
Il travaille pour l’État et on le voit motivé
Dans les premières files aux marches du Parti
Mais ses enfants étudient dans le privé
Car au fond il sait que la culture n’est jamais également répartie
Il a étudié à l’étranger
Mais ça ne l’a pas changé
C’est la force de l’autarcie
Quand on vit à la merci
De dictateurs engagés
De dictatures enragées
Il dit qu’il est diplômé.
De la Sorbonne
Ou de l’Université de Moscou
Comme ici personne ne manie les langues avec aisance
On lui a donné tout de suite unanime vote de confiance
Son retour a été acclamé
Dans le village où les ONG’s donnent
Beaucoup de rien et un peu de tout
Il fallait bien que la France justifie
Ce que donne la Russie
Pour lui le pays de Voltaire
Et d’Hugo
Est un petit champs de fleurs qui va de Berlin à l’Auvergne
Dans ses villes d’après colonie
Où pierre par pierre les siens ont tout détruit
Parce que les divisions du colonisateur quand il est parti
Contraria chaque chef de Parti
Dans ses mémoires de guerres fratricides
Il voit endoctriné
En tout étranger
Un impérialiste
C’est pourquoi dans son patriotisme splendide
Il veut sans bride
Résoudre d’un coup sa misère putride
Par les dollars qu’il vole aux touristes
Sympathique attentif
Ou énervé agressif
Selon le montant estimatif
Qu’il envisage relatif
Son visage est comme celui
Des clowns qui sourient
Mais font peur la nuit
Un peu trop fort de tout il s’extasie
Car n’importe quoi est nouveau pour lui
Ce qui est d’hier est de demain
Comme l’est toujours le miroir pour l’indien
Il s’est fait épousé par une étrangère
De celles qui crient Go Home US Go
Home UE qui veulent qu’on les bernent
Disciple de Fanon
Avec elle il se venge des invasions
Amant de bonne verge
Jamais en berne
Il la trompe pour un autre bombon
Bien culón
Elle le renvoie dans sa case pour trop con
Pour visiter trop de cons
Comme il ne sait rien faire d’autre
Il se remet à boire
Idéologiquement cohérent il se vautre
Dans l’apologie d’être noir
Jusqu’à ce qu’un beau jour cousin de quelque dictateur
On vienne le chercher pour être Ambassadeur
Ou Professeur de Littératures Non-Occidentales
Dans quelque Université Occidentale
Discrimination positive et quota racial
Pour la même mode
Un jour peut-être il recevra le Nobel
S’il a moins de chance et tombe
Sur une omise bombe
Pour n’avoir plus que les coudes
Il finira héros de guerre pour en découdre
À l’Université Nationale
N’enseignant pas
Comptant fleurette à des étudiantes en Quoi
L’une tombera enceinte
Il se mariera
Passera à la suivante
Se divorcera
Laissant finalement en toutes son empreinte
6. LA RELIGION
Ils sont tellement nombreux
Et tous disent l’avoir vu
Ils assurent tous eux
Avoir avec lui de longues
Conversations maintenues
Moi pas une seule fois je ne l’ai vu
En rien je ne peux dire qu’il soit venu
Et si un jour il est intervenu
Ce sera pour me rendre plus malheureux
Accentuant sur mes épaules ténues
Le poids de la misère malvenue
Mais s’il réside en quelque lieu
C’est purement dans les palaces luxueux
Aux murs d’ambres revêtus
Entre les dictateurs qui sont la prunelle de ses yeux
Jamais aucun ne manque de feu
D’ouvrage de pain
D’esclave ni de sublime vin
Aucun ne vit inconnu
Ni ne meurt silencieux
Leurs contemporains les nomment dieux
Et tous dansent à leurs jeux
Leurs crimes aux justes ignominieux
Sont objets de général voeu
On leur élève des statues
Tels cavaliers nobles et preux
On leur demande la guérisson des lépreux
À leur enterrement tous pleurent et il pleut
Alors dis-moi où il se cache
Ton Dieu
D’où il domine peureux
Et se tait face aux lâches
Chimères que sur nous gueux
Laissent tomber ses ministres véreux
Aucune vierge que je sache
Et le voilà par deux
Fois déjà de ses rendez-vous oublieux
Par lui ne connaît cette terre
Qu’épidémies malheur et guerres
Que fait-il
Inutile
Dans la tempête aussi vain
que la chandelle au vent furieux
Ses ministres qui se préoccupent si on le caricature
Prompts aux fers et aux écritures
Ne savent en tout que
Nous remettre en ses mains
Et lui méchant génie
Que fait-il pour tant de bruit
D’Ulysse il empêche le retour
Multipliant sans secours
Les ineffables détours
D’OEdipe il presse le retour
Pour que le condamne l’éternel et aveugle Amour
Du juste Abraham
Insensible le bras il arme
Il se plaît aux souffrances du pauvre Job
Et à celles du vaillant Jacob
Il instaure celles de son fils comme acte de foi
Il répand le sang sadique Roi
De la folle Inquisition
Aux interminables Guerres de Religions
Il y a plus d’églises dans le monde que d’enfants heureux
Les chamans font école
Contre Galilée et Savonarole
Bien sûr l’intransigeance de leurs dieux
Rien ne contemple que celle de ceux
Qui prient pour eux
Les prohibitions
Sont pour les monarques les juges et les clercs
Le moyen de limiter nos droits
Ils les créent pour mieux les rompre c’est clair
Les commandements ne sont qu’articles de foi en promotion
Pour celui qui est tellement bête qu’il les croit.
L’âme vide de l’opinion
Qui va à la messes car elle aime les répétitions
Et qui aime les religions car grégaire
Elle est aussi sectaire
Et aime le sang qu’elle jette avide dans ses cimetières
Leur foi est celle vampires dans le bois
Le froid du coeur et de l’esprit le glas
Pour cela
Leurs songes sont petits et leurs dieux cois
Leur science plus basse que celle d’Horatio et de Frénon leur pas
Intolérants ils ne sont sages qu’au grabat
Méchants et canins
Par destin
Ils ne sont bons comme le pékinois enragé que défunts
Et Chesterton se demande encore pourquoi
Logique le philosophe objectif
Parle de suicide collectif
Tout autour de lui n’est que pourriture
Mort et fruits mûrs
Embouteillages
Expansion sans frein et carnages
Il vit dans le désordre
Et aime tout ce qui peut se tordre
La beauté par le temps la découdre
Le couteau le sang et la poudre
Aux jeunes pousses les insectes
À l’animal à peine né les maladies qui l’infectent
La seconde où la pousse
Tombe sous les parcours
Des larves de la mouche blanche
Poussière d’ange
Qui anche
Sous chaque feuille irrémédiable court
Pour que la fraîche ombre verte meure rousse
N’est-ce pas la Création
Faite à son image
La qui explique le mieux
Ses sanglants autels
Où chaque génération
Abrutie et stupide
Élève la dague
De l’adage
Prompte au coup mortel
Comme la foule qui s’en vante s’émerveille et blague
Là où en maladives extases morbides
Ses théologiens divaguent
Sur l’humain criminel
Et la rédemption
Rituelle
Sanglante communion
Vers leur Ciel
Cruelles
Réunions
Où bouchers ils s’appellent
Chasseurs moines policiers militaires
Chauffeurs de taxi de bus ou de camion
Peuple en général
Petite noblesse barons
Ouvrier paysan qui bat l’avoine
Rois de la terre
Sans importer le sexe la couleur la pauvreté ou le capital
Leurs dieux avides
Remplissent de secrets leurs âmes vides
Leurs coeurs déchues et fétides
Chantent le crime infanticide
La mort la mort partout la mort
Mais où est-il où est-il
Lui qui parraine semble-t’il
Épidémies
Mutilations
Chute des corps
Et Caïn
Les peaux meurtries
N’inspire aucune compassion
Il en rit sur son trône
Le Suprême Gnome
Pendant que sans surprise
Les assassins à l’Église
Qui les courronne
Entonnent
Leurs prières à Ça
Inexistant et silencieux
Affolant effrayant et affreux
Clown
Et tu dis si Dieu existe
Il faudra qu’il s’en explique
C’est comme les kystes
Excroissance il n’a aucune utilité pratique
Rousseau recommande la tolérance de la religion laïque
Tolérance shit ou Christ
C’est à nous pathétiques
Qu’il en faut devant cette divinité publique
Qui n’est le sait-on assez que symbolique
De ces mauvais ami dont l’on perd toujours la piste
Blague joke ou chiste
Absurde non-sens dis-je encore triste
Et complètement tragique
7. LA FAMILLE
C’est Saturne et c’est Caïn
La femme d’Urie qui se trompe de conjoint
Et confond de David le parfum
Ce sont les filles de Lear
Et peut-être privé de vie l’écho de Déméter avant son rire
C’est ce qui coûte le plus
Sortir le jus
Parler du pus
Parfois
Je vois
Mon pied
Violet
Et je devrais
Vouloir le couper
Je le sais
Mais je ne peux m’y décider
C’est ça le plus dur
Arrêter d’aimer la blessure
Alors je le garde partie de moi
Comme souvenir d’autrefois
Toutefois
De la famille
J’en dirais bien ce que d’autres disent
De l’amitié
Ce n’est qu’une réunion de personnes avec des intérêts
Le libidineux Goriot avec ses arrogantes filles
Les cousines Bette les plus sordides
Et les frères Karamazov parricides
D’un vieillard sans mérites
La famille
N’est-ce pas comme nous l’enseigne la Bible
Le sage Abraham
Qui pour un méchant Dieu avide d’âmes
Accepta de faire périr
Sous sa fulminante lame
Le doux Isaac sans que tendre agneau qui ne brâme
Celui-ci rien ne réclame
C’est aussi de Moïse le même Dieu en flammes
Qui on le sait sacrifie
Et les premiers nés d’Égypte
Et son propre fils
Bien que d’aucuns le dirent ressuscité de la crypte
Famille
Sont aussi les deux filles couronnées de Lear
Qui pour le Royaume mieux se répartir
Aux elfes de la plaine sans soupir
Leur cacochyme ancêtre remirent
Sans feu qui le chauffe ni affectueux sourire
Ou bien encore Ulysse voyageur sans maître
Maudit des Dieux qui le punirent pour être
Qui pissant Ithaque entre épouse et traîtres
Au soir seul son vieil aveugle mâtin su reconnaître
Famille
Est Clytemnestre
Épouse adultère
Assassine mégère
Et OEdipe qui tua son père
Oncle tante fils et mère
Tous confondus en incestueuses affaires
Simples noeuds de vipères
Que l’été offre comme l’hiver
Barbe blanche ou peau claire
Souviens-toi aussi de Nicholas ou d’Oliver
Rémi vendu à Vitalis
Et sa vieille main de fer
Cela renferme une grande vérité
Ne sont la famille
Que chiens et chimpanzés
Revêtus d’humanité
Joli-Coeur l’amour maternel
Qui cruel
Rejette l’enfant ou le tire à la guerre
Et du roman l’amour passionnel
Et la douce dame et le chevalier fidèle
Quand le théâtre et la rue sont pleins des appels
De la maîtresse dans le meublé et de l’époux qui part le taire
Et dans l’armoire l’amant
Et l’épouse au miroir
Si en duel
Par le fer
Ne se résout l’intrigue c’est auprès du notaire
L’huissier à la serviette et l’avocat au pied d’une litière
Au cinquième étage d’un escalier en colimaçon
Brisées le portes de l’Hadès et de l’Enfer
Adam et Eve repris sur le fait cette fois par Pierre
Le concierge qui n’est que garçon
La famille
N’est-ce pas le mariage d’Hogarth
Et de Greuze l’enfant prodigue
Ou que l’on regarde
Il me semble qu’il faudra donner la raison
À Engels et son Origine
Point de surprise sur cette ligne
Ce sont encore les pécheurs comme à la Sixtine
Accrochant à pleine main le voluptueux fruit de la figue