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Proses engelsiennes 

lundi 9 septembre 2013, par Norbert Barbe

PROSES ENGELSIENNES

1. LA PROPRIÉTÉ

La propriété je me l’imagine comme un bon gros rentier

Comme nous le peignent des livres entiers

Qui n’a jamais connu ni la famine ni le chantier

Il est gros elle est ronde c’est sa rente

Chaque mois elle rentre

Indiscutable charpente

Du capitalisme la rente

Seulement voilà

je ne connais pas de rentier

Pas un seul on nous ment je crois

Sur le sentier

Partagé d’une vie aux abois

J’ai bien connu je l’avoue de tristes juges marrons

Des avocats pardon

Des politiciens sans prison

De savants sages

De tout temps de longues pages

Dédient à décrire le changement de cet âge

Où naquit sans nous dire bien pourquoi

La propriété

Comme partage

Des biens existants et de l’entrée

En société

Pour ce que l’on voit

Ils n’ont pas vécu sous la même loi

Que celle qui à nous tous échoit

Sur l’héritage

Durement amassé

D’une vie de labeur pour que le pauvre

Et le moyen

À leurs enfants ne puisse pas le passer

L’État se paye un substantiel impôt

Pour éviter l’enrichissement du pauvre

Il y a le simple coût de la vie en soi

Tout type de taxes et d’impôts

Sur le travail comme sur les économies

Investies

On pourrait facilement dire qu’il y a un génie

Malin

Dans les comptes de l’État

Vaut-il vraiment la peine

À tout cela

D’ajouter la peine

Et la chaîne

Des travailleurs

Qui perdent leur vie

Qui se coupent les veines

Pour finir au chômage

Les frais de santé

Qui ne couvrent que les pleurs

Et les retraites de pâtes sans beurre

Les cotisations

Vont aux gouverneurs

Taux de changes et gestion de comptes

Sont d’autres instruments de décompte

Pour les biens

De ceux qui n’ont rien

Qu’on m’explique donc ce mensonge

De la rente et de l’évolution

De la propriété qu’on nous exploite

Si par où qu’on y plonge

Société injuste qui boîte

Il n’y a depuis les temps immémoriaux de Vulcain cul-de-jatte

Que quelques Alphas et nous autres tous qui faisons le dos rond

2. LE TRAVAIL

Le travail

Est une bataille

Sans victuaille

Qui vaille

Le mauvais

L’ami

Monte vite

Au frais

De l’envie

L’escalier

De l’ascension

Sociale

Et évite

Le concours

Qu’on gravite

Et l’humiliation

De faire la cour

Comme égal

Il agite

Sa baguette magique

Le monde est à lui

Et nos faces tragiques

À l’inverse

Le compétent

Combattant

Les sévices

Du service

Les vertiges

Qui attisent

La controverse

Peu à peu verse

Sa vie dans le calice

De l’amertume

Qu’il écume

Et de la stagnation

La compétence

Est un vice

Elle met en péril

C’est un fait

Le chef qui n’arrive

Jeune que par amitié

Et les collègues

Dans le status quo

De l’inopérance

C’est un prix une lice

Que perd facile

Et fragile

Le plus habile

Les résultats

N’importent pas

Dans ce lai

Où compte

La dive

Des héritiers

Aigre lègue

Pour qui n’a pas de pot

Et dans son bureau

N’a que ses deux mains

Sans demain

Oublié des fées de la chance

Employé sans vacances

Seul à Hollywood

Sans brotherhood

Du neighborhood

L’oeuvre pure et dure

Ne passe jamais au comité de lecture

Van Gogh

Principal invité de ce gogue

Point de départ

D’autre part

La société

Vit mieux de la pauvreté

La misère

Est son air

Comme le tronc pourri

L’est au gui

N’est-il pas curieux

Qu’il soit symbole des amoureux

La banque

Vit de la rente

Qu’elle fait perdre

Non de celle qui prospère

Le capital

Ne nécessite pas l’ouvrier

Il vit mieux

Du chômage

En temps de crise

Le riche est plus riche

Consortiums évidents for fools

Hollywood nous dit fumer c’est cool

Les écologistes

Et les pacifistes

Sont violents

Les pauvres

Veulent déstabiliser

L’équilibre mondial

La pieuvre

Sait privatiser

Le bien général

Au profit de ses émoluments

Établi sur le manque

Moloch gît dans ses pentes

Et grossit des descentes

Il n’achète l’animal

Son ivoire et son cèdre

Qu’au prix le moins cher

Pour cela il gâche ses deniers

Dans chaque dictature et dans chaque esclavage

Universel il attise

Le jeu de tout ce qui triche

Il vit global

De la disgrâce générale

Il paie le moindre dictateur

Et se répand en programmes sociaux

Non gouvernementaux

Là où la saine peste montre son coeur

Élégant il se cache sous ces masques trompeurs

Que lui importe la production

Ou la souveraineté alimentaire

Il pleure à chaudes larmes

Ce qui pour lui sont ses armes

Plus nombreux sur cette terre

Plus inégale la répartition

Pour chaque million

Que nous sommes un peu plus cher

Le coût de production

Il nous parle d’éducation

De rien ne sauve l’éducation

S’il l’offre à des millions

C’est parce qu’il n’en a pas besoin

Nous l’avons dit aucun des siens

N’est là pour sa vision

Comme le travail

Il faut le payer

Il est plus viable

De nous mettre à chômer

Aujourd’hui les machines

Sont plus rentables

Que toute une usine

Pleine d’ouvriers

Sauf peut-être pour les services

Et les zones franches

Pour cela il possède aussi le Tiers-Monde

Il engraisse les dictateurs

Pour avoir la main ferme sur sa maison

Là pas d’éducation

Il faut que tôt on entre en service

La sécurité sociale est le pire sévice

En Europe on essaie bien de quitter les dimanches

Outsourcing Sitel on l’imagine blonde

Jennifer en Équateur

Un accent trompeur

Le petit frère fait des montres ou émonde

Pour Taiwain la UE ou les EU free-lance

Le père boit la mère planche

Et voici cynique

Le Monde Diplomatique

Ignacio Ramonet

Qui vient raconter

Les contes de la cheminée

Au cheminot qui l’a ramonée

14 années démocratiques

Le Premier Monde

Possède le Tiers-Monde

Les dictateurs

Comme les fleurs

Se multiplient

Sous le pâle soleil qui plie

D’insipides Tropiques

Ils continuent de s’enrichir

Vendant au meilleur prix

À l’Europe ou aux États-Unis

Leur sale pétrole

Ils continuent de maintenir

Avec leurs habits de banderoles

À leurs peuples soumis

Et abrutis

C’est vrai que dans leurs mansions

Le Sud est prolifique

Ils n’oublient

Jamais le fils et le gendre

Qu’ils engendrent

Et qui se reproduit

Comme le tique au sommet

De l’administration

Les fils de Sánchez

On dit à l’homme total de Marx

De la formation permanente

Plus de main-d’oeuvre spécialisée en tout

Plus bas les salaires de tous

Le disait il y a 150 ans de cela le vieux Marx

Mais le capital est sourd et la populace est lente

3. L’ÉTAT

Et on reste ainsi dans l’horrible réalité

Où ils vivent ceux d’en haut en haut

Et ceux d’en bas en bas

Où ceux qui ont les joyaux

Ne les méritent pas

Et ceux qui n’en ont pas

Ou se répartissent juste les miettes du plat

Peu importe l’effort peu les vaut

Le talent ou leur habillité

N’entreront jamais au château

Puisqu’ils n’en ont pas la clé

L’État

C’est pour les chiens

Cette Église ou prient les serviles qui livrent nos libertés funestes

Aux statues des pieds qui les broient

L’État

C’est l’évidence qui nous échoit

Que tout s’en va que rien ne reste

De tous les morts pour rien

Seuls le désespoir et la peste

Sont le sel

Qu’ils n’imposent pas

À nos corps en croix

L’État c’est la gratuité de rien

Trente-six tiré au bain

Les mensonges sans fin

De discours vides et plats

L’État

C’est les vices et les sévices auxquels on croit

Et qui servent comme pour les filles aux gars

Pour qu’ils nous baisent

Les lèvres prêtes dans l’extase et les fraises

L’État

C’est le plus fort mâtin

Ne nous en déplaise

C’est le dur qui fait la loi

Qui impose sa loi

L’État

Enfin

C’est cette idée que perpétuellement l’on tresse

Et contre le coeur l’on presse

D’un ciel qui jamais ne s’ouvrira

Pour l’État

Invisible est la Nation

Entre ses mains

Dignitaires indignes

Qui s’élèvent et s’affaissent

Dictateurs qui Veaux d’Or ne se quittent pas

Ce sont eux seulement qui conforment l’État

Morts à l’humanité entière avides et vains

Leur chiffre est le treize

Leur nom éternel Judas

4. BOURGEOISIE ET PAUVRETÉ

Monsieur

Dans son bureau plein d’oeuvres en cuir

Rangés par ordre de taille pour éblouir

Monsieur

Passe revue de presse

L’Express

Pour les nouvelles internationales

Et être au courant de ce qui se passe dans le monde

Pour les nouvelles nationales

Le Monde

Il lit aussi L’Observateur

À ses heures

Madame

Toute une dame

La bourgeoise

Sa bourgeoise

Garde comme un bijou

Qu’elle ne se quitterait pas du cou

Son pékinois

Au bout du bras

L’animal mauvais

Les crocs toujours pelés

Se donne les airs d’un dictateur sénégalais

En même temps qu’ils semble t’insulter en javanais

Les deux dans leur appartement parisien

Qui en fait sont trois

Avec le chien

Depuis que d’un coup d’université en droit

L’enfant a pris son propre chemin

Vont en hiver

Au Cirque d’Hiver

Et aux expositions

Du Grand et du Petit Palais

Ils vont aux films d’opinion

Et en février vêtus de pur alpaga

Chaque année ils louent un chalet

Bien qu’en fonction du coût ils changent de station

L’été c’est Ibiza ou Málaga

Avec Le Guide du Routard

Ils ont fait une fois l’Inde du Bengale à l’Uttar

Et les États-Unis

L’Amérique comme ils disent

Ils ont vu le Grand Canyon dont ils savent le nom en hopi

Ils ont fait le pack complet Hollyday Inn

Route 66 du Hilton la Paris

De la Guerre de Sécession et de la rébellion de Cochise

Plus complexe le cas de l’ouvrier dans son usine

Ni rentier ni entrepreneur il oscille

Entre la fonction publique et les emplois de routine

Sa vie est inutile

Infertile

Et versatile

Mais comme la métaphore des 100 thalers

Dans la Critique de la Raison Pure

La misère

N’apporte aucune qualité supplémentaire

Au sujet qui l’endure

Il ne nous sera donc ni meilleur ni plus pur

Ce n’est au fond qu’un bourgeois en puissance

Mais qui ne connaît pas L’Esprit des Lois

Il vit en instance

Ce que l’autre photographie en vacances

Il s’éduque parce qu’enfin

Il faut bien

Et qu’on l’y oblige

En rien prodige

Peu profonds sont ses vertiges

Sa mer c’est la Bretagne

Son hôtel le camping

Il regarde passer les strings

Comme Mahomet les montagnes

Il construit ses empires

En jeux vidéos

Il apprend que le pire

N’est qu’un modalité de l’ego

Il ne ressent plus les coups sus sa peau

C’est à la trique que la mère le faisait obéir

Et que le père l’envoyait acheter sa Kro

Toutes ses connaissances sont accessoires

Il vit comme les chiens dans la soif

Et l’immédiate satisfaction de boire

Pour lui la tête n’est qu’un lieu que l’on coiffe

Oublieuse sa mémoire

Collective ou individuelle

Il n’a pas d’histoire

D’autres pour lui la feront belle

Il ne représente que les morts

Anonyme comme eux son effort

Il est utile car il est remplaçable

Toujours satisfait des miettes que son maître laisse à la table

Il ira sans cesse hargneux tuer l’horrible étranger

Au son glorieux et confiable

Des meurtres au pied léger

Du pauvre et du bourgeois chacun a sa charité

Les deux sont chantres de la liberté

Le premier bien sûr participe au Téléthon

Le second aux Restos du Coeur

Le premier cueille les nouvelles au 20 Heures

Le second s’informe chez Ardisson

Aucun d’eux n’est très bon en mathématiques

Ils laissent ça aux mains

Des instituts de statistiques

La TVA le fisc

On leur quitte tout

Mais ils veulent être connus pour bons citoyens

C’est pourquoi aussi ils comprennent tout

Isaac qui tend le cou

Au poignard assassin

Ils offrent sans dégoût

La poitrine et pratiques

Ils dénudent leur sein

Formés à l’école de la République

On leur a appris à obéir

Comme les moutons

Depuis qu’ils ont oublié de lire

Ils ne savent plus qu’on les tond

Les deux animaux plus que politiques

Ne savent rien d’Aristote ni de Platon

C’est pourquoi le premier change de Sarkozy à Hollande

Et le second fait son marché chez Le Pen

Selon l’un pour sortir de la crise

Il faut restructurer l’offre et la demande

L’autre pense qu’il faut mouiller la chemise

Et repenser l’Union Européenne

Mais les deux sont d’accord sur le point central

Il faut inciter les chômeurs à travailler

Réduire les dépenses de la Sécurité Sociale

Et fermer les frontières aux étrangers

Ô comme les galeries de Fontainebleau seraient triste

Sans le Maître Roux de Florence ni Le Primatice

Ainsi le bourgeois et le pauvre sont sûrs disent-ils qu’on continuera de les payer

Et se résoudra la crise qui ne l’oublions pas est mondiale

Redonner confiance aux investisseurs face au danger

Se serrer la ceinture et terminer de payer les intérêts bancaires

Voici résumé en eux la politique animale

Qui montre comment bons élèves ils en suivent les commentaires

Disciples férus de PPDA BHL et d’Onfray

Que personne ne s’effraie

Sartre est un titre de Lévy

Et l’Algérie est de Jamel

Choisir entre Dieudonné ou Élie

Voici de la France contemporaine le dilemme actuel

Ne pas porter le voile n’atteint-il pas à la liberté individuelle

Et comment vivront Las Vegas les Ch’tis

5. L’IMPÉRIALISME

Son contexte

N’est qu’un prétexte

Dans son décor

Sans confort

Ce n’est pas qu’il le déplore

Privé d’image mentale

Qui lui révèle son sort

Dans sa capitale

Tendue de câbles

Où les rues sont de sable

Et explose l’asphalte

Sous le poids d’un squelettique cheval

Pas d’égoût

Tout n’est que trous

Sa couleur

Comme de Kant les thalers

Est anecdotique

Bien qu’emphatique

Il dénoncera l’étranger voleur

Comme rappelle Weber

Au début de son Éthique

Son monde de rien ne fut jamais créateur

Sa culture est de sélections infantiles

Et son éducation de fascicules estudiantiles

Ne cherche pas Ô Toi Lecteur de monument historique

Sa ville est de glaise et de plastique

Comme ses États sans République

Comme eux il est servil

Le plus probable est qu’il ait été chantre volubile

De quelque dictature

De gauche pure

Ou d’une droite en armure

Où l’on relie Marx par Staline

Où l’on expose Smith à l’usine

Malthus est la routine

Son frère est toujours de l’autre Parti fidèle à l’autre douleur

Ainsi à eux deux ils évitent et dirigent le malheur

Membre d’une rachitique bourgeoisie

Sa vie n’est pas Le choix de Sophie

Pas de musée pas de salon de thé

Il s’informe par les éditions à tirage limité

Des deux seuls journaux nationaux édités

Probablement commandités

L’un par le gouvernement révolutionnaire

L’autre par l’entreprise

Dont dans les deux cas les affaires

Dans le même sac sont mises

Il travaille pour l’État et on le voit motivé

Dans les premières files aux marches du Parti

Mais ses enfants étudient dans le privé

Car au fond il sait que la culture n’est jamais également répartie

Il a étudié à l’étranger

Mais ça ne l’a pas changé

C’est la force de l’autarcie

Quand on vit à la merci

De dictateurs engagés

De dictatures enragées

Il dit qu’il est diplômé.

De la Sorbonne

Ou de l’Université de Moscou

Comme ici personne ne manie les langues avec aisance

On lui a donné tout de suite unanime vote de confiance

Son retour a été acclamé

Dans le village où les ONG’s donnent

Beaucoup de rien et un peu de tout

Il fallait bien que la France justifie

Ce que donne la Russie

Pour lui le pays de Voltaire

Et d’Hugo

Est un petit champs de fleurs qui va de Berlin à l’Auvergne

Dans ses villes d’après colonie

Où pierre par pierre les siens ont tout détruit

Parce que les divisions du colonisateur quand il est parti

Contraria chaque chef de Parti

Dans ses mémoires de guerres fratricides

Il voit endoctriné

En tout étranger

Un impérialiste

C’est pourquoi dans son patriotisme splendide

Il veut sans bride

Résoudre d’un coup sa misère putride

Par les dollars qu’il vole aux touristes

Sympathique attentif

Ou énervé agressif

Selon le montant estimatif

Qu’il envisage relatif

Son visage est comme celui

Des clowns qui sourient

Mais font peur la nuit

Un peu trop fort de tout il s’extasie

Car n’importe quoi est nouveau pour lui

Ce qui est d’hier est de demain

Comme l’est toujours le miroir pour l’indien

Il s’est fait épousé par une étrangère

De celles qui crient Go Home US Go

Home UE qui veulent qu’on les bernent

Disciple de Fanon

Avec elle il se venge des invasions

Amant de bonne verge

Jamais en berne

Il la trompe pour un autre bombon

Bien culón

Elle le renvoie dans sa case pour trop con

Pour visiter trop de cons

Comme il ne sait rien faire d’autre

Il se remet à boire

Idéologiquement cohérent il se vautre

Dans l’apologie d’être noir

Jusqu’à ce qu’un beau jour cousin de quelque dictateur

On vienne le chercher pour être Ambassadeur

Ou Professeur de Littératures Non-Occidentales

Dans quelque Université Occidentale

Discrimination positive et quota racial

Pour la même mode

Un jour peut-être il recevra le Nobel

S’il a moins de chance et tombe

Sur une omise bombe

Pour n’avoir plus que les coudes

Il finira héros de guerre pour en découdre

À l’Université Nationale

N’enseignant pas

Comptant fleurette à des étudiantes en Quoi

L’une tombera enceinte

Il se mariera

Passera à la suivante

Se divorcera

Laissant finalement en toutes son empreinte

6. LA RELIGION

Ils sont tellement nombreux

Et tous disent l’avoir vu

Ils assurent tous eux

Avoir avec lui de longues

Conversations maintenues

Moi pas une seule fois je ne l’ai vu

En rien je ne peux dire qu’il soit venu

Et si un jour il est intervenu

Ce sera pour me rendre plus malheureux

Accentuant sur mes épaules ténues

Le poids de la misère malvenue

Mais s’il réside en quelque lieu

C’est purement dans les palaces luxueux

Aux murs d’ambres revêtus

Entre les dictateurs qui sont la prunelle de ses yeux

Jamais aucun ne manque de feu

D’ouvrage de pain

D’esclave ni de sublime vin

Aucun ne vit inconnu

Ni ne meurt silencieux

Leurs contemporains les nomment dieux

Et tous dansent à leurs jeux

Leurs crimes aux justes ignominieux

Sont objets de général voeu

On leur élève des statues

Tels cavaliers nobles et preux

On leur demande la guérisson des lépreux

À leur enterrement tous pleurent et il pleut

Alors dis-moi où il se cache

Ton Dieu

D’où il domine peureux

Et se tait face aux lâches

Chimères que sur nous gueux

Laissent tomber ses ministres véreux

Aucune vierge que je sache

Et le voilà par deux

Fois déjà de ses rendez-vous oublieux

Par lui ne connaît cette terre

Qu’épidémies malheur et guerres

Que fait-il

Inutile

Dans la tempête aussi vain

que la chandelle au vent furieux

Ses ministres qui se préoccupent si on le caricature

Prompts aux fers et aux écritures

Ne savent en tout que

Nous remettre en ses mains

Et lui méchant génie

Que fait-il pour tant de bruit

D’Ulysse il empêche le retour

Multipliant sans secours

Les ineffables détours

D’OEdipe il presse le retour

Pour que le condamne l’éternel et aveugle Amour

Du juste Abraham

Insensible le bras il arme

Il se plaît aux souffrances du pauvre Job

Et à celles du vaillant Jacob

Il instaure celles de son fils comme acte de foi

Il répand le sang sadique Roi

De la folle Inquisition

Aux interminables Guerres de Religions

Il y a plus d’églises dans le monde que d’enfants heureux

Les chamans font école

Contre Galilée et Savonarole

Bien sûr l’intransigeance de leurs dieux

Rien ne contemple que celle de ceux

Qui prient pour eux

Les prohibitions

Sont pour les monarques les juges et les clercs

Le moyen de limiter nos droits

Ils les créent pour mieux les rompre c’est clair

Les commandements ne sont qu’articles de foi en promotion

Pour celui qui est tellement bête qu’il les croit.

L’âme vide de l’opinion

Qui va à la messes car elle aime les répétitions

Et qui aime les religions car grégaire

Elle est aussi sectaire

Et aime le sang qu’elle jette avide dans ses cimetières

Leur foi est celle vampires dans le bois

Le froid du coeur et de l’esprit le glas

Pour cela

Leurs songes sont petits et leurs dieux cois

Leur science plus basse que celle d’Horatio et de Frénon leur pas

Intolérants ils ne sont sages qu’au grabat

Méchants et canins

Par destin

Ils ne sont bons comme le pékinois enragé que défunts

Et Chesterton se demande encore pourquoi

Logique le philosophe objectif

Parle de suicide collectif

Tout autour de lui n’est que pourriture

Mort et fruits mûrs

Embouteillages

Expansion sans frein et carnages

Il vit dans le désordre

Et aime tout ce qui peut se tordre

La beauté par le temps la découdre

Le couteau le sang et la poudre

Aux jeunes pousses les insectes

À l’animal à peine né les maladies qui l’infectent

La seconde où la pousse

Tombe sous les parcours

Des larves de la mouche blanche

Poussière d’ange

Qui anche

Sous chaque feuille irrémédiable court

Pour que la fraîche ombre verte meure rousse

N’est-ce pas la Création

Faite à son image

La qui explique le mieux

Ses sanglants autels

Où chaque génération

Abrutie et stupide

Élève la dague

De l’adage

Prompte au coup mortel

Comme la foule qui s’en vante s’émerveille et blague

Là où en maladives extases morbides

Ses théologiens divaguent

Sur l’humain criminel

Et la rédemption

Rituelle

Sanglante communion

Vers leur Ciel

Cruelles

Réunions

Où bouchers ils s’appellent

Chasseurs moines policiers militaires

Chauffeurs de taxi de bus ou de camion

Peuple en général

Petite noblesse barons

Ouvrier paysan qui bat l’avoine

Rois de la terre

Sans importer le sexe la couleur la pauvreté ou le capital

Leurs dieux avides

Remplissent de secrets leurs âmes vides

Leurs coeurs déchues et fétides

Chantent le crime infanticide

La mort la mort partout la mort

Mais où est-il où est-il

Lui qui parraine semble-t’il

Épidémies

Mutilations

Chute des corps

Et Caïn

Les peaux meurtries

N’inspire aucune compassion

Il en rit sur son trône

Le Suprême Gnome

Pendant que sans surprise

Les assassins à l’Église

Qui les courronne

Entonnent

Leurs prières à Ça

Inexistant et silencieux

Affolant effrayant et affreux

Clown

Et tu dis si Dieu existe

Il faudra qu’il s’en explique

C’est comme les kystes

Excroissance il n’a aucune utilité pratique

Rousseau recommande la tolérance de la religion laïque

Tolérance shit ou Christ

C’est à nous pathétiques

Qu’il en faut devant cette divinité publique

Qui n’est le sait-on assez que symbolique

De ces mauvais ami dont l’on perd toujours la piste

Blague joke ou chiste

Absurde non-sens dis-je encore triste

Et complètement tragique

7. LA FAMILLE

C’est Saturne et c’est Caïn

La femme d’Urie qui se trompe de conjoint

Et confond de David le parfum

Ce sont les filles de Lear

Et peut-être privé de vie l’écho de Déméter avant son rire

C’est ce qui coûte le plus

Sortir le jus

Parler du pus

Parfois

Je vois

Mon pied

Violet

Et je devrais

Vouloir le couper

Je le sais

Mais je ne peux m’y décider

C’est ça le plus dur

Arrêter d’aimer la blessure

Alors je le garde partie de moi

Comme souvenir d’autrefois

Toutefois

De la famille

J’en dirais bien ce que d’autres disent

De l’amitié

Ce n’est qu’une réunion de personnes avec des intérêts

Le libidineux Goriot avec ses arrogantes filles

Les cousines Bette les plus sordides

Et les frères Karamazov parricides

D’un vieillard sans mérites

La famille

N’est-ce pas comme nous l’enseigne la Bible

Le sage Abraham

Qui pour un méchant Dieu avide d’âmes

Accepta de faire périr

Sous sa fulminante lame

Le doux Isaac sans que tendre agneau qui ne brâme

Celui-ci rien ne réclame

C’est aussi de Moïse le même Dieu en flammes

Qui on le sait sacrifie

Et les premiers nés d’Égypte

Et son propre fils

Bien que d’aucuns le dirent ressuscité de la crypte

Famille

Sont aussi les deux filles couronnées de Lear

Qui pour le Royaume mieux se répartir

Aux elfes de la plaine sans soupir

Leur cacochyme ancêtre remirent

Sans feu qui le chauffe ni affectueux sourire

Ou bien encore Ulysse voyageur sans maître

Maudit des Dieux qui le punirent pour être

Qui pissant Ithaque entre épouse et traîtres

Au soir seul son vieil aveugle mâtin su reconnaître

Famille

Est Clytemnestre

Épouse adultère

Assassine mégère

Et OEdipe qui tua son père

Oncle tante fils et mère

Tous confondus en incestueuses affaires

Simples noeuds de vipères

Que l’été offre comme l’hiver

Barbe blanche ou peau claire

Souviens-toi aussi de Nicholas ou d’Oliver

Rémi vendu à Vitalis

Et sa vieille main de fer

Cela renferme une grande vérité

Ne sont la famille

Que chiens et chimpanzés

Revêtus d’humanité

Joli-Coeur l’amour maternel

Qui cruel

Rejette l’enfant ou le tire à la guerre

Et du roman l’amour passionnel

Et la douce dame et le chevalier fidèle

Quand le théâtre et la rue sont pleins des appels

De la maîtresse dans le meublé et de l’époux qui part le taire

Et dans l’armoire l’amant

Et l’épouse au miroir

Si en duel

Par le fer

Ne se résout l’intrigue c’est auprès du notaire

L’huissier à la serviette et l’avocat au pied d’une litière

Au cinquième étage d’un escalier en colimaçon

Brisées le portes de l’Hadès et de l’Enfer

Adam et Eve repris sur le fait cette fois par Pierre

Le concierge qui n’est que garçon

La famille

N’est-ce pas le mariage d’Hogarth

Et de Greuze l’enfant prodigue

Ou que l’on regarde

Il me semble qu’il faudra donner la raison

À Engels et son Origine

Point de surprise sur cette ligne

Ce sont encore les pécheurs comme à la Sixtine

Accrochant à pleine main le voluptueux fruit de la figue

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