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Les Hauts de Hurlevent 

vendredi 8 juillet 2011, par Emily Brontë

Voici un chef-d’oeuvre, écrit par une jeune femme de trente ans qui mourut peu après la parution. C’est par ce roman que Georges Bataille commence son essai sur La littérature et le mal (1957), et voici ce qu’il écrit à son propos :

« Emily Brontë laissait un petit nombre de poèmes et l’un des plus beaux livres de la littérature de tous les temps, Wuthering Heights.

Peut-être la plus belle, la plus profondément violente des histoires d’amour...

Car le destin, qui, selon l’apparence, voulut qu’Emily Brontë, encore qu’elle fût belle, ignorât l’amour absolument, voulut aussi qu’elle eut de la passion une connaissance angoissée : cette connaissance qui ne lie pas seulement l’amour à la clarté, mais à la violence et à la mort — parce que la mort est apparemment la vérité de l’amour. Comme aussi bien l’amour est la vérité de la mort.

Je dois, si je parle d’Emily Brontë, aller au bout d’une affirmation première.

L’érotisme est, je crois, l’approbation de la vie jusque dans la mort. (...) De toute façon, le fondement de l’effusion sexuelle est la négation de l’isolement du moi, qui ne connaît la pamoison qu’en s’excédant, qu’en se dépassant dans l’étreinte où la solitude de l’être se perd. Qu’il s’agisse d’érotisme pur (d’amour-passion) ou de sensualité des corps, l’intensité est la plus grande dans la mesure où la destruction, la mort de l’être transparaissent. Ce qu’on appelle le vice découle de cette profonde implication de la mort. Et le tourment de l’amour désincarné est d’autant plus symbolique de la vérité dernière de l’amour que la mort de ceux qu’il unit les approche et les frappe.

D’aucun amour d’êtres mortels, ceci ne peut être dit plus à propos que de l’union des héros de Wuthering Heights, de Catherine Earnshaw, de Heathcliff. Personne n’exposa cette vérité avec plus de force qu’Emily Brontë. Non qu’elle l’ait pensé sous la forme explicite que, dans ma lourdeur, je lui donne. Mais parce qu’elle le sentit et l’exprima mortellement, en quelque sorte divinement. »(pp. 12-3)







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