- 28 septembre 2009, par Svetlana Carstean
1.
Insomnie
Je suis à cheval
sur cette zone entre le jour d’hier et le jour de demain
sur cette jument qui ne m’appartient pas
ce n’est pas moi qui l’étrille
et ce n’est pas moi qui la nourris.
Elle m’est étrangère,
elle n’est pas d’ici
et nous n’avons pas de souvenirs communs,
mais elle me tient avec force sur son dos,
celui de la nuit qui vient de passer (…)
- 25 août 2009, par Claude Cahun (1894-1954)
Claude Cahun s’est tenue à l’écart tout en participant activement à des actions pour l’émancipation des mœurs, pour le progrès social ou la lutte anti-nazie. Son parcours artistique était surtout son précieux jardin secret qu’elle revendiquait comme son « aventure invisible ».
Vers la mer redoutable encore et vaguement rebelle comme un fauve dompté, vers la mer qui se cabre à chaque vague, (…)
- 12 mars 2009, par Noëlle Rollet
Ressac
Ne demeure que l’apnée, alors.
L’apnée sournoise du sommeil, eau dormante qui berce la vigilance lassée d’être devenue rage, rage malsaine.
Alors de l’absence ne reste qu’une odeur mêlée, une odeur oubliée, et sans limites. Papiers de soie dédoublés, légers, toujours plus ténus. Comme les dernières vibrations d’une note haute et déchirante ; un écho qui se prolonge et qui brise (…)
- 16 janvier 2009, par Romain Noir
Dans les forêts traversées, lorsque j’emprunte les sentiers de ma mémoire, le coeur défriché, mes yeux fatigués se perdent sur les cercles des troncs, le regard à la lisière du souvenir, chancelant sur les bords du vide et du néant, et le voile embrumé de l’oubli qui s’impose, plie, en balbutiant ses sarcasmes sous un vent livide et froid. Malgré moi, je voyage. Mon corps en suspension (…)
- 5 novembre 2008, par Francis Coffinet
* La nuit se déroule en nous
encercle la pensée
lui donne la paix du constrictor.
* Le feu prend tout son poids
ainsi s’explique l’orage infime de sa cime
et lorsque je parviens à me poser sur le fil d’Isis
je le contemple de mon vide,
toujours à (…)
- 31 octobre 2008, par Ahmed Bengriche
En cette aube cristalline- redondance du miroitement des lointains éthérés
Des lacs fuyards bus dans l’imaginaire
( A quel silence vouer son mot
Qui marche en babouches sur le pli de l’eau
Si ce n’est ton ombre ton ombre ton ombre )
Pourtour d’un bleu vaporeux
Craquement des pierres du bivouac
Qui traverse l’humus comme l’aborigène au sortir de l’eau
En son œil de (…)
- 1er septembre 2008, par Montclair
Il fait silencieux, froid et blanc, et pourtant il y a des traces de souvenirs.
Celle qui, adossée aux affiches de couleur, regardait au hasard les passants : ces hommes qui marchent oubliés en eux-mêmes, un peu lâches, souvent pressés, mal conscients de ce qui leur advient.
Les rues sales de cette grande ville où l’histoire admirable côtoie la misère, où l’inégalité côtoie la (…)
- 21 avril 2008, par Frédéric Acquaviva
Mon cher Henri, Finalement je me décide à t’écrire une dernière lettre, même si, comme toi, je ne crois pas plus aux âmes qu’à l’au-delà, mais simplement parce qu’à cause de l’éloignement entre l’Angleterre et la France, nos courriers s’attendaient, décalés étrangement dans ce monde du temps réel et de l’email (que tu pensais avoir prochainement enfin, comme fonction nouvelle d’un (…)
- 18 octobre 2007, par Bernard Deglet
C’est grâce à Jérôme Bosch que j’ai su que j’étais belge (Amélie Nothomb)
Sous le lit il y a des monstres
Juste avant le matin les policiers sont venus
Maman à crié qu’au moins les enfants puissent rester
Mon nounours a disparu sous le lit
J’ai crié mon nounours
Elle criait
On lui a passé les menottes et ça l’a bâillonnée
L’esclave
Je hurlais
Mon nounours
Le (…)
- 15 octobre 2007, par Denitza Bantcheva
Un grand poète est mort subitement, à l’heure de sa « victoire automnale », au cours de la saison chargée de fruits qu’il chérissait peut-être plus que toute autre, et où il reconnaissait, ces dernières années, l’âge des récoltes qu’il avait atteint. A la différence des figures mythiques de la poésie moderne dont Rimbaud qu’on rencontre dans son œuvre, Nikolaï Kantchev vécut en « maudit » sans (…)