Mutisme Pour l’instant c’est le matin
sa tonne de lumière et
d’agitation assassine
les immeubles aux surfaces
trouées par un soleil neuf
l’eau du fleuve presque
belle et tes larmes
qui me font si mal –
j’ai la vision de toi
isolée – mes mains se
tendent je me sens
dérisoire –
je respire mieux dans
l’odeur pleine et
chaude d’une cité
sans fin – il me (…)
Traces du monde
sur les trottoirs du ciel
L’écho blesse
silence du désastre
La métaphore
comme souvenir
de l’existence
Mots qui dérobent
dévoilent
Pluie neuve d’idées
dans le pain d’orage
Février 2015
ils racontent une histoire
ils racontent une histoire faite de solitude de tristesse rentrée ils racontent tous à leur façon le mal d’être là et pourtant absents de ce mur de cette ville en perpétuel équilibre entre ici et ailleurs et nulle part ils racontent ça sur ces murs ils sont plusieurs et pourtant ils semblent un mais peut-être au fond ce qui les unit c’est le regard que je leur (…)
[...] En effet, Darwich était seul, trop pudique pour évoquer sa vie privée, on ne lui a jamais connu de compagne... sauf cette fameuse Rita qui est venue hanter certains de ses recueils, Rita cet amour fulgurant, cette passion magistrale qui dura deux années et se solda par un échec car elle était juive, et la guerre de 1967 se chargea de briser leur passion : un arabe amoureux d’une juive, (…)
Un monde que tu as soigneusement détruit. Le corps, la nature et la matière. Que tu as rendu espace laid. Dans lequel flottaient tes remords. Ta compagne est devenue une tête d’Orphée flottant sur les eaux. Celles de ton malheur. La mort, cette insoumise qui dépasse toutes les autres. Tu es né d’une onde sonore, d’un lieu sur un abîme…
A proprement parler, ta robe de chair est la définition (…)
Chaque pierre
emporte les départs
Annonce
des pas fragiles
Le rêve
des passants ordinaires
Tu seras le chemin
la pente le rêve
La chaise où le soleil assis
lira le journal du matin
La pluie est une chanson
lente
Plaie ouverte du silence
chasse gardée du destin
Tu seras les deux mains
de l’artiste
Novembre 2014
Ne pas savoir
ne définit rien (…)
[1] indices
La structure parfaite réitérée s’étire à l’infini
Un demi-cercle tranche un demi-cercle qui tranche un demi-cercle et caetera
A l’infini
Ce parking n’a pas de fin non plus il n’y a pas d’air pas de vie rien que des cailloux et ces structures étranges répétées
A l’infini
Le monde entier a disparu il ne reste que ça des traces d’avant
De quand les hommes (…)
Où sont ?
Où sont-ils les beaux dimanches en bras de chemise
Les pastis au soleil
Les films d’antan et l’odeur du pain grillé
Où sont-ils les jeux de marelles et les ombrelles exquises
Quand Paris s’éveille
Sur les Champs Elysées
Où sont-ils les cafés-chantants et l’ancienne police
Aux gants blancs et à la moustache qu’on étrille
Où sont-elles les feuilles vendues (…)
Je franchis la porte la blouse ouverte, le bain aseptique, les outils métalliques.
Je m’allonge sur un lit roulant,
Franchis le seuil La ligne fine Si franche — Du matin, du vide et du combat.
J’avance.
Je vois la peur dans les yeux de l’Autre : une galerie de voix disséquées.
Je vois une dame, pâle. Immobile elle aussi Les membres noyés La poitrine occupée.
Derrière la (…)
Land Rovers…Un été en rêves
Le propre des rêves est d’errer, de dépasser les bornes du topos (territoire) des êtres, des mots, des photographies. C’est l’étymologie même du mot rêver : vagabonder. Sens initial que ce mot partage peut-être dans l’obscurité avec l’étymologie de l’anglais rove…Le même sens. Laquelle en est non moins obscure. Les rêves seraient donc les land rovers, les (…)