- 8 août 2013, par Pierre Loti (1850-1923)
Au milieu de l’océan Indien, un soir triste où le vent commençait à gémir.
Deux pauvres boeufs nous restaient, de douze que nous avions pris à Singapoor pour les manger en route. On les avait ménagés, ces derniers, parce que la traversée se prolongeait, contrariée par la mousson mauvaise.
Deux pauvres boeufs étiolés, amaigris, pitoyables, la peau déjà usée sur les saillies des os par les (…)
- 13 juillet 2013, par Marie-Joseph Chénier
Ce poème de Marie-Joseph Chénier aurait été écrit en 1790, livret des paroles d’une chanson dont la musique fut composée par François-Joseph Gossec. Une partition qui se trouve à la Bibliothèque Nationale de France fut publiée en 1796 (Gallica).
Dieu du peuple et des rois, des cités, des campagnes, De Luther, de Calvin, des enfants d’Israël, Dieu que le Guèbre adore au pied de ses (…)
- 22 septembre 2012, par Friedrich Maximilian Klinger (1752-1831)
Après s’être essayé au théâtre comme auteur avec quelque succès, le jeune Klinger (1752-1831) devient une figure emblématique du mouvement qui dans l’histoire des lettres allemandes portera le titre d’une de ses pièces, le « Sturm und Drang ».
La proximité de Goethe conduit bientôt cependant à un conflit, où il est abandonné à lui-même. Songeant un instant s’embarquer pour l’Amérique, (…)
- 8 août 2012, par Charles Baudelaire
A M. Joseph Stevens.
Je n’ai jamais rougi, même devant les jeunes écrivains de mon siècle, de mon admiration pour Buffon ; mais aujourd’hui ce n’est pas l’âme de ce peintre de la nature pompeuse que j’appellerai à mon aide. Non.
Bien plus volontiers je m’adresserais à Sterne, et je lui dirais : "Descends du ciel, ou monte vers moi des champs Elyséens, pour m’inspirer en faveur des (…)
- 22 octobre 2011, par Honoré de Balzac
LA QUESTION POSEE
L’absorption de cinq substances, découvertes depuis environ deux siècles et introduites dans l’économie humaine, a pris depuis quelques années des développements si excessifs, que les sociétés modernes peuvent s’en trouver modifiées d’une manière inappréciable.
Ces cinq substances sont :
1° L’eau-de-vie ou alcool, base de toutes les liqueurs, dont l’apparition date (…)
- 12 septembre 2010, par Oscar Wilde (1854-1900)
Grande fut ma surprise, un matin en me réveillant, d’entendre les chevaux piaffer sous mes fenêtres ; j’allais m’enquérir de la cause de ces préparatifs inusités, quand ma porte s’ouvrit et livra passage à mon ami Robert, équipé pour la chasse.
- Allons, paresseux ! me dit-il en riant ; dépêchons, il est temps de partir.
- Partir ?... où allons-nous donc ?
- Faire une tournée de (…)
- 13 novembre 2009, par ***
Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car, à moins qu’il n’apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d’esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son (…)
- 12 novembre 2009, par Stéphane Mallarmé
Paris, lundi 16 novembre 1885
Mon cher Verlaine,
Je suis en retard avec vous, parce que j’ai recherché ce que j’avais prêté, un peu de côté et d’autre, au diable, de l’oeuvre inédite de Villiers. Cijoint le presque rien que je possède. Mais des renseignements précis sur ce cher et vieux fugace, je n’en ai pas : son adresse même, je l’ignore ; nos deux mains se retrouvent l’une dans (…)
- 14 octobre 2009, par Daniel Defoe
Je suis née, comme je l’ai appris de mes amis, dans la ville de Poitiers, province ou comté de Poitou, en France, d’où je fus amenée en Angleterre par mes parents, qui s’enfuirent à cause de leur religion vers l’an 1683, époque où les protestants furent bannis de France par la cruauté de leurs persécuteurs.
Moi, qui ne savais que peu de chose, ou rien du tout, de ce qui m’avait fait amener (…)
- 9 octobre 2009, par Ernest Fouinet (1799-1845)
Quand le matin, à l’heure où la nature n’est réveillée qu’à demi, à l’heure où le soleil va se lever, vous contemplez, du haut du rocher presque inaccessible d’Ehrenbreitstein, le Rhin qui coule majestueusement à vos pieds, entre deux remparts de verdure encore voilés de brumes, votre imagination aime à errer dans le vague et le mystérieux de cette perspective. Elle remonte le fleuve, tantôt (…)